b) Enjeux de la fonction analogique

À l'issue de ce panorama des différents matériaux convoqués par voie d'analogie dans la parole de mise en scène, une évidence s'impose : la fonction analogique, massivement représentée, est une pierre de touche de la rhétorique du metteur en scène, et ce chez tous les praticiens pour lesquels nous disposons d'un corpus de répétition. Ce constat de la prééminence de la fonction analogique dans la parole de mise en scène corrobore diverses observations, les unes relatives au champ des conduites esthétiques, les autres relatives à celui des interactions verbales : Jean-Marie Shaeffer, on s'en souvient, notait que « dans le cadre de la conduite esthétique l'attention est plutôt associative », progressant selon un « mouvement horizontal » qui est celui des analogies, par opposition à l'investigation scientifique, qui procède par « intégrations ascendantes » 543 , et se déploie sur l'axe vertical de l'abstraction et de la particularisation. Chaïm Perelman, de son côté, relève qu'un « théoricien de la communication constatera que l’analogie constitue une des caractéristiques de la communication et du raisonnement non-formels » 544 . L'analogie serait donc doublement fondée à prédominer dans l'interaction de répétition, du fait d'une part de son rôle dans la conduite esthétique, dans laquelle s'inscrit évidemment la pratique théâtrale, et d'autre part de sa propension à apparaître dans les pratiques de communication non-formelles (c’est-à-dire, là encore, non scientifiques). Mais là où Perelman et Schaeffer s'en tiennent au constat d'une tendance cognitive et donc communicationnelle, nous voudrions risquer quelques hypothèses en termes d'efficacité rhétorique, explorant les effets que visent, ou que sont propres à produire, les procédures analogiques dans la parole de mise en scène.

Notes
543.

Jean-Marie Schaeffer, op. cit., pp. 164-165.

544.

Chaïm Perelman, L’Empire rhétorique, p. 127.