Epilogue : la rhétorique de l’inconscient

Il paraîtrait inconséquent de prétendre à l’analyse raisonnée d’un processus de création artistique, en ce XXème siècle si profondément marqué par la psychanalyse, sans interroger la dimension inconsciente de tout travail créateur. L’outil psychanalytique est ici d’autant plus efficace que le travail de la figuration dans la rhétorique du discours de mise en scène présente de nombreuses analogies avec le travail de figuration dans le rêve ou le mot d’esprit, tels qu’ils ont été analysés au début de ce siècle par Sigmund Freud. On pourrait encore, pour faire valoir la fécondité du rapprochement entre processus onirique et processus artistique, arguer du fait que le rêve et le spectacle théâtral ont ceci de commun qu’ils sont des manifestations « visibles », ou représentations concrètes, de formes « idéales » (la lecture du texte de théâtre, les pensées oniriques). Freud ne nomme-t-il pas « dramatisation (Dramatisierung) » l’un des processus de conversion des pensées latentes en contenu manifeste ? Il désigne par ce terme la « transformation d’une pensée en situation », « l’arrangement visuel du matériel psychique ». Il s’agit à proprement parler d’un travail de mise en scène, avec cette nuance, considérable, qu’il s’agit non d’un espace concret de représentation mais, selon le propre terme de Freud, de la « scène psychique ».