b) Sélection sur l’axe paradigmatique

Ainsi s’écrit le texte de la représentation. Par sélection sur un axe paradigmatique : deux signes voisins (signe A et signe B) sont apparus en répétition, présentant un signifiant périverbal proche (posture assise trois-quarts face, mains sur les genoux écartés : cet axe paradigmatique est lisible en comparant la ligne A et la ligne B de nos photographies) mais tendant à faire signe pour des signifiés distincts que la metteur en scène a pris le soin de formuler pour les opposer. En somme il y aurait la même différence de A à B qu’entre deux mots proches phonétiquement, où le changement d’unités distinctives entraîne une modification significative. C’est bien selon le même proçès qu’un locuteur construit un énoncé : à chaque étape, il sélectionne, parmi plusieurs possibles, le terme le plus adapté au signifié que son énonciation vise. L’axe paradigmatique, au niveau de la création d’un énoncé, est d’abord ce champ de possibles parmi lesquels le locuteur opère une sélection, et c’est dans ce sens, que nous l’appliquons à notre corpus. Ici le travail de « locomotive » introduit une variante supplémentaire, puisque les deux signifiants périverbaux sont manifestés par deux comédiens distincts. Mais le développement de l’axe paradigmatique joue exactement de la même manière avec un seul support de l’expression - un seul comédien : de tentative en tentative, le même comédien émet des marques différentes sur le travail d’une même réplique, marques que le metteur en scène sémiotise en signes de théâtre, voisins, mais distincts, parmi lesquels il peut opérer une sélection à la faveur de ce qu’il veut voir. Si nous avons choisi cette séquence, qui introduit le travail si particulier des locomotives, c’est pour exhiber l’ampleur de ce que nous avons identifié comme le champ de dispersion : les variantes expressives d’un même signe de théâtre sont lisibles en comparant, horizontalement, les différentes interprétations de A d’une part, ou de B d’autre part.