II. Procès génétique du signe théâtral

Si l’on admet que le signe théâtral, tel qu’il est porté par l’acteur, a pour substance la périverbalité, la question qui se pose pour nous (et pour le metteur en scène) est de savoir par quelle(s) opération(s) il peut être mis en forme, et constitué comme signe théâtral. On peut globalement postuler trois formes de procès génératifs du signe théâtral : l’un prenant sa source dans le discours du metteur en scène, qui suscite par la parole la production de signes chez l’acteur, un autre par lequel le metteur en scène donne l’exemple, produit des signes à imiter, et le dernier enfin, où le matériau sémiotique advient sur le plateau, sous la forme de marques, c’est-à-dire de signes en puissance, qui sont constitués comme signes de théâtre, refusés ou fixés, par la relation commentative renvoyée par le metteur en scène. On devine aisément que ces trois formes de procès ne sont nullement exclusives les unes des autres, qu’au contraire elles se complètent, s’enchevêtrent, se relaient constamment les unes les autres. Ce n’est qu’à des fins d’exploration théorique que nous les distinguons si nettement, dans une approche successive qui ne saurait être confondue avec une quelconque diachronie de la répétition.