C. Du jeu au discours

En effet, à force de présenter le metteur en scène comme un orateur, notre propos occulte cette dimension fondamentale de son travail, qui le situe essentiellement comme spectateur ; certes dans les tout premiers temps de répétition il n’est pas rare de le voir occuper prioritairement et majoritairement une position de parole : souvent il commence par faire état d’une « lecture » du texte. Mais on a vu aussi que la plupart des praticiens développent aujourd’hui une conception expérimentale de la dramaturgie, qui les fait considérer que ce n’est pas le discours qui engendre le jeu, mais le jeu qui engendre le discours ; dans cette conception de la mise en scène, il ne saurait donc y avoir ni antériorité, ni suprématie, du dire sur le faire. C’est essentiellement sur le plateau, dans la pratique du jeu d’acteur, que s’inventent et se dessinent les propositions de mise en scène qui vont constituer le discours de mise en scène - comme parole du metteur en scène et comme « discours » scénique.