Relecture de I, 3

• Jean-Pierre Vincent : Le bouffon c’est un peu le Pauvre Tom du Roi Lear. La thématique religieuse, autour du péché, de la culpabilité, est très présente dans l’imaginaire du bouffon.
• Bernard Chartreux : Est-ce qu’on ne peut pas penser que le bouffon est venu pour demander la permission de se marier?
• Jean-Pierre Vincent : Non, je crois qu’il improvise d’une façon géniale : il a senti intuitivement qu’il était question d’amour, alors il parle de son amour...
• Frédéric Fisbach : Peut-être qu’Isabelle est présente quelque part sur le plateau?
• Jean-Pierre Vincent : Oui, comme une lapine en chaleur qui traîne dans un coin...
• Frédéric Fisbach : Mais une fois la question lancée, c’est une vraie demande?
• Jean-Pierre Vincent : Les raisons n’arrêtent pas de changer. Tout ça c’est des prétextes à des manifestations misogynes, en fait il dit : <je ne veux pas me marier parce que c’est toutes des salopes>. Paroles et le bouffon ne sont pas des personnages qui ont une histoire. Comme le spectre de Hamlet, le bouffon ne parle que quand on lui parle. Il fonctionne en écho, comme la deuxième corde de la viole d’amour, qui vibre quand on touche la première. Ce personnage n’a pas un projet de vie dans la pièce. Son rapport à Isabelle n’est qu’un état passager dans la pièce.
• Frédéric Fisbach : Est-ce qu’elle existe, au fond, cette Isabelle?
• Jean-Pierre Vincent : Bonne question ! Ou alors on pourrait imaginer que le bouffon entre en scène en courant après Isabelle.