Relecture de I, 2

• Jean-Pierre Vincent : La tirade de Lefeu est très orientée vers des allusions sexuelles et le Roi doit recevoir cela : il est dans un coma rieur.
  A chaque fois, Hélène y va avec le cœur, et elle découvre qu’il faut du travail. Elle a toujours tendance à se dégonfler au début. C’est une héroïne singulière : un homme passerait ces épreuves en force ; une femme accepte de passer par la difficulté pour rebondir ; c’est lié à la maternité : c’est le comportement de la mère face aux résistances de l’enfant. Elle fonctionne comme le roseau : elle fléchit, puis se redresse. Bertrand, lui, c’est un mélancolique : quand il a un problème il se tait. Donc, elle, c’est une héroïne unique : elle est forte de sa féminité et non pas de manière virile.
  La pulsion des alexandrins a une valeur incantatoire. Hélène met en place un processus d’enchantement, mais cela ne peut venir que par une transe, une crise.
• Bernard Chartreux : Il me semble que le Roi pourrait être moins méchant...
• Jean-Pierre Vincent : Je crois qu’il a une position ferme : il refuse le charlatanisme. Le tutoiement qu’Hélène emploie avec le Roi c’est celui de la faiseuse de miracles : c’est Jeanne la Pucelle présentée à Henri VI. En plus ça marque une forme d’emprise.