Lecture de II, 2
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Jean-Pierre Vincent : Il faudrait introduire une gymnastique verbale sur la répétition de “ à la Cour ” chez le bouffon, quelque chose à la façon de Molière. C’est un numéro de clown façon intermède qui doit être marqué. Il faut jouer plus ouvert sur le public, avec des regards précis. Ils entrent en scène ensemble pour se présenter au public, ils fonctionnement comme des intrus raffinés dans l’action. Le bouffon passe son permis de porter des lettres à la Cour.
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Jean-Pierre Vincent : Le problème c’est l’invasion de la gestuelle ; on va essayer de le faire sans geste pour épurer le jeu et retrouver la dynamique textuelle. Il faut faire attention : ce n’est pas une mécanique langagière : il s’y joue de la vie, il y a une relation familière et familiale entre la Comtesse et le bouffon. Peut-être qu’il est le fils naturel du comte? Donc il faut réengager des sentiments humains, reconstituer une antériorité effective ; cette scène fonctionne comme les autres, avec cette antériorité effective, et affective. C’est un souci pour la Comtesse d’envoyer le bouffon à la cour. L’angoisse du bouffon est prémonitoire.
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Bernard Chartreux : La répétition de “ O seigneur dieu, monsieur ! ”, on ne voit pas assez que ça fonctionne comme une réponse universelle ; il faut faire cette démonstration de façon probante au public.
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Jean-Pierre Vincent : On pourrait trouver une gestuelle universelle, qui soit une réponse valable pour toutes les questions...
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Frédéric Fisbach : Qu’est-ce que ce serait, l’équivalent actuel à cette réponse universelle ?
- (tout le monde cherche, silence et perplexité...)
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Hélène Fabre : En fait c’est une formule qui marche physiquement comme un passe-partout...
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Jean-Pierre Vincent : Il faut jouer la carte du snobisme de la cour... Il ne suffit pas de dire que la Comtesse et le bouffon font durer le temps ; il faut comprendre avec quoi on fait durer le temps...Il faut jouer dans l’inquiétude d’une séparation, dans le désir de faire durer...
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Frédéric Fisbach : Mais alors par quoi on pourrait remplacer cette phrase, aujourd’hui ?
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Jean-Pierre Vincent : J’imagine bien le bouffon avec une fraise, au cou, très smart...
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Frédéric Fisbach : Peut-être que la Comtesse simule l’efficacité de la réponse du bouffon, pour faire durer le jeu ?
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Madeleine Marion : Mais la Comtesse teste réellement le bouffon : elle s’inquiète de savoir comment il va s’en sortir à la Cour...
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Frédéric Fisbach : Si ça se trouve, cette réplique n’a aucun efficacité réelle... La Comtesse joue simplement le jeu...
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Jean-Pierre Vincent : Il faudrait écouter cette réplique comme un “ Ah, ça, Monsieur... ”
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