I, 1

• Jean-Pierre Vincent : Il faut retranscrire ce qui a déjà été fait. J’imagine une légère lueur, vous partirez de la coulisse jardin, pour faire tout le tour en cortège de gens qui viennent faire une action de grâce avant de se séparer. Il est intéressant qu’Hélène attende comme une dame de compagnie. On l’appelle, ça l’émeut, alors elle va se recueillir sur la tombe de son père : tu te fais une boule de chagrin. La Comtesse papouille son fils ; faut avoir de la vigueur et de la force pour enchaîner les choses. C’est quelque chose entre la cérémonie mortuaire et le départ.

Jeu

• Jean-Pierre Vincent : Pendant l’étreinte entre la mère et son fils, Lefeu passe derrière ; il toussote parce qu’il est un peu gêné, et puis pour attirer l’attention de la Comtesse. Après, Bertrand a une pensée plus laïque par rapport à son père. Il s’éloigne un peu ; une fois effectuée l’étreinte, il ne faut pas rester neurasthénique : c’est l’heure du départ. (Jean-Pierre Vincent évoque la tombe de son propre père : il ne se souvient pas de son visage, seulement des photos...)
  Il faut accentuer les motivations que l’on veut faire passer ; ne pas sombrer dans une conversation élégante.... Il faut donner au public les informations très dures de cette scène d’exposition.
  Quand Hélène est brusquement l’objet des regards, le sang lui monte à la tête.

Jeu

• Jean-Pierre Vincent : (A Madeleine) : ton “ triste passé ” tu redondes ; mets-y plus de colère. Pendant que Madeleine Marion joue, Jean-Pierre Vincent ponctue de commentaires :
  <Tu vas tomber dans des mains formidables mon chéri>...<Toi, je ne sais pas ce que tu mijotes, mais si tu penses à mon fils, oublie-le>. Tu dois avoir des points de vue sur le monde : tu es une douairière.
• Olivier Besson : Il y a une contradiction flagrante dans les propos de la Comtesse sur les pleurs : en gros elle dit : <c’est formidable de pleurer, arrête de pleurer>. Shakespeare met plein d’émotions en trois phrases ; il ne faut pas tout niveler.

Jeu

• Jean-Pierre Vincent : Pour la bénédiction : il va falloir qu’elle fasse son travail de transmission des valeurs. On passe d’un univers à un autre exactement comme dans la vie. A la fin la Comtesse s’en va : elle n’a pas envie qu’on la voie pleurer.

Jeu

• Jean-Pierre Vincent : Hélène, il faut trouver quelque chose qui soit moins “ jolie fragile ” ; il ne faut pas trop ciseler dans une mignardise de la faiblesse : elle est fortement faible. Quand elle parle des étoiles, elle est une étoile. (Jean-Pierre Vincent évoque le souvenir d’une parole qu’une illustre personnalité lui avait dite : “ ne te fais pas si petit, Jean-Pierre, tu n’es pas si grand ”). Il y a de l’orgueil chez Hélène, il faut retrouver de la force. Ne pas être un petit bout de chou. En plus cela commence de façon très comique.

Jeu d’Hélène

• Jean-Pierre Vincent : <Je suis championne de la désolation> Tu es un seau de larmes, énergique et fort.
• Hélène Fabre : J’ai l’impression de compliquer les choses. Et puis je ne sais pas quoi faire de ce cahier d’esquisses... (l’accessoire a été introduit récemment dans le jeu)
• Jean-Pierre Vincent : Cela romance : c’est une trace de ce qui a été vécu avant. Shakespeare est encore très branché Boccace à ce moment de la pièce ; dans la nouvelle, on nous dit : <elle pensait toujours à lui, elle savait qu’il était devenu un très beau jeune homme> Il y a eu des mois et des mois de vénération. il faudra le déclencheur de Paroles pour changer d’attitude. Tu dois déjà penser à ta tirade plus tard : <Je porte déjà en moi mes propres remèdes>

Jeu

• Jean-Pierre Vincent : Attention de ne pas anticiper : on ne pleure pas avant d’arriver à la tombe. Je me souviens qu’à la mort de ma mère, je n’ai pleuré que lorsque le cercueil est descendu dans le caveau.

Jeu

• Jean-Pierre Vincent : La Comtesse est une dame très tranquille, corporellement ; c’est pas une femme nerveuse. Parfois tu craques, mais sinon tu as une grande force.

Jeu (Lefeu - Comtesse)

• Jean-Pierre Vincent : (A Rémy) Ok pour le rythme prosaïque, mais Shakespeare a donné une raison à chaque phrase : il ne faut pas tout effacer.

Jeu (Paroles - Hélène)

• Jean-Pierre Vincent : Paroles doit être toujours un peu odieux : il y a une véritable misogynie chez lui. Il fonctionne comme un satyre dans une fête ; il transgresse les tabous. Son évocation des garçons et des filles, c’est un succédané satirique d’Adam et Eve.

Jeu (monologue d’Hélène)

• Jean-Pierre Vincent : A la fin, tu peux jeter ton catalogue d’esquisses comme une relique, comme une rose dans un bassin.
• Quand Paroles est méchant c’est drôle : inutile de le jouer spirituel. Seule sa complicité avec Hélène est une complicité “ contre ” : c’est le roi des machos contre la reine des femmes rusées. Les mots doivent blesser, Paroles cherche à la démoraliser et Hélène tient le coup magnifiquement.

Reprise du jeu

• Jean-Pierre Vincent : Le conflit ne doit pas s’aggraver. “ Vous êtes en méditation sur la virginité? ” : <Vous êtes amoureuse?>
  Cette scène c’est une expérience : on frotte deux silex ; un homme et une femme.
  Jeu (Hélène s’interrompt : elle n’est “ pas en forme ”, a “ la tête ailleurs ”... Elle s’éclipse ; Jean-Pierre Vincent travaille avec Marc Bodnar, lui indique ses déplacements)

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