II, 3

Jeu (Bertrand)

• Jean-Pierre Vincent : Il faut rester le plus positif possible

(Il monte sur le plateau, indique un déplacement, en longeant le praticable)

• Jean-Pierre Vincent : Faites une promenade ; vous êtes solidaires, façon Nif-Nif, Naf-Naf et Nouf-Nouf.
• Rémi Carpentier : On change le déplacement ?
• Jean-Pierre Vincent : Non, les trois éléphants c’est bien. Juste cette petite animation : on met Paroles en contact avec le public : tu fais de l’entrisme putassier public, et ensuite on rétablit le contact avec les partenaires.

Jeu (entrée du roi)

• Jean-Pierre Vincent : Il faut vous figurer, comme toujours chez Shakespeare, que vous représentez une foule de cinquante personnes. Laurent, tu es dans ton époque de formation : tu regardes et tu écoutes tout ce qui se passe.

Jeu (le Roi-Hélène : “ assieds toi ma salvatrice ”)

• Bernard Freyd : C’est une adresse publique ou intime?

Jeu (Hélène : “ Je suis une simple jeune fille ”)

• Jean-Pierre Vincent : Toujours, les moments d’Hélène où elle est dans sa plus petite dimension, elle a une pointe d’orgueil.

Jeu (le Roi : “ Fais ton choix, mai sache-le : qui repousse ton amour repousse aussi le mien ”)

• Jean-Pierre Vincent : <Tu as le pouvoir de choisir>. C’est très Roi Lear : <Dites que vous m’aimez et vous aurez du pognon>

Jeu collectif

• Jean-Pierre Vincent : C’est un troupeau de bétail : il faut qu’on pense à des animaux ; la noble origine joue comme un pedigree. Il faut trouver un geste d’Hélène pour justifier que le quatrième seigneur s’éloigne.

Jeu (Hélène passe en revue les seigneurs)

• Jean-Pierre Vincent : Laurent, ça ne peut pas entrer un instant dans tes angoisses qu’Hélène va te choisir. Il n’y a pas l’ombre de quoi que ce soit. il faut retrouver l’esprit du quiproquo entre Bertrand et le Roi.
• Bernard Chartreux : Bertrand reste longtemps gaiement incrédule.
• Jean-Pierre Vincent : Il faut retrouver quelque chose de simple, pas beethovenien, pas Fidelio... Quelque chose de gaiement suspendu, genre, <C’est la caméra invisible>. Surtout, il ne faut pas aggraver la situation, sinon on n’a plus de chemin. Le temps va plus vite que dans la tête de Bertrand ; il faut rester incrédule. Et puis tout d’un coup tu te gèles. Pour qu’on ait la jouissance de voir quelqu’un ne pas dominer une situation que tout le monde comprend.

Jeu (Bertrand : “ Je la connais fort bien ”)

• Jean-Pierre Vincent : <Je la connais, elle fait des ménages chez nous>
• Bernard Chartreux : On ne doit pas sentir tout de suite que tu as l’angoisse du destin.
• Jean-Pierre Vincent : Pour le moment, Hélène est une médecine... Peut-être une dame...Sans doute, puisqu’elle est savante. Et brusquement tout le monde apprend que c’est la bonne... ça fait scandale ; le Roi aussi découvre ce scandale : c’est une S.D.F. Mais il est lié par un serment. L’argument de Bertrand touche le Roi : <En tant que noble, je comprends>. Dans sa longue tirade il multiplie les destinataires : <Françaises, Français...>, <L’unité nationale...>.

Jeu (le Roi : “ Ici, prends sa main ”)

• Jean-Pierre Vincent : ...comme à un chien : “ Ici !, Eschyle ” (c’est le nom de son chien, qui fréquente à l’occasion la salle de répétition) “ Ici, Thomas ! ” (c’est le nom de son fils !)

Jeu (Bertrand : “ Pardon, mon gracieux seigneur ; je me soumets ”)

• Jean-Pierre Vincent : <Pardon mon seigneur, j’ai eu un trou. Ça va mieux maintenant.> C’est une bonne surprise pour Hélène et pour le Roi. C’est un moment où Shakespeare suit Boccace : <Comme un homme qui avait médité son comportement, il donna son accord>.
• Laurent Sauvage : Je le faisais comme pour ne pas craquer, ne pas pleurer.
• Jean-Pierre Vincent : C’est un peu trop accablé comme jeu. Ça doit plus être  : <Excusez-moi, il y a des jours où on n’est pas dans son assiette>. Il faut préparer le sensationnel du départ de Bertrand. Il faut jouer soulevé, aérien : trouver vite une solution sans lendemain. C’est “ Cris et chuchotements ” dans les couloirs du palais.
• Laurent Sauvage : J’ai beaucoup de mal à trouver la transition pour jouer ce changement d’état.
• Jean-Pierre Vincent : Tu es dans l’urgence de gagner une demi-heure. Tu cèdes pour gagner du temps. Entre le moment où tu dis au Roi : <Je voudrais m’en remettre à mes yeux> et celui où tu dis : <Je me soumets à vos yeux>, il y a une grande parenthèse, une parenthèse de rébellion, de vérité. C’est comme dans la vie : il faut passer par dessus une humiliation, sauter par dessus la grogne. C’est une péripétie.