II, 3, suite (Paroles - Bertrand)

• Jean-Pierre Vincent : Il ne faut jamais considérer le texte comme un dialogue pur et simple : c’est une pièce que vous conduisez. Chez les autres dramaturges vous n’êtes que ce que vous dites. Marc, il faut bien définir à qui tu parles ; c’est pas un texte familier, c’est pas un texte prosaïque, ordinaire : tous les mots doivent être ciselés, appuyés. Avec Lefeu, Paroles est en représentation : ici ça doit être plus inventé avant d’être dit. Il y a un processus dans la scène.
• Marc Bodnar : En fait, ça m’arrange bien de partir après la scène d’humiliation.
• Jean-Pierre Vincent : Oui mais il ne faut pas speeder. Paroles doit maintenir l’idée de parler son texte. Il y a un plaisir d’exprimer. Il surparle tout
• Bernard Chartreux : Il n’est jamais naturel. Même avec son copain Bertrand.
• Jean-Pierre Vincent : Il fait penser à Dali : jamais une interview dans laquelle il y ait de vraies paroles. Il est dans la schizophrénie d’un personnage. Si Shakespeare l’avait appelé autrement ce serait moins vrai. Il faut penser à la parlure de Rocard.
• Bernard Chartreux : Mais Rocard c’est un introverti de la langue ; Paroles c’est un extraverti de la langue.
• Marc Bodnar : De toutes façons, ce qu’il dit c’est un peu bêta...
• Jean-Pierre Vincent : Il y a un vernis !
• Rémi Carpentier : Pourquoi est-ce que Lefeu va aborder Paroles en l’agressant ?
• Jean-Pierre Vincent : Il est dans une colère qui vient de la résistance de Bertrand. Et puis il découvre pendant la scène que Paroles est encore plus médiocre qu’il ne le pensait. Lefeu c’est un vieux général qui a fait l’Algérie et l’Indochine. Paroles, c’est un enfoiré savoureux genre Luccini. Il faut imaginer un gosse de 6 ans qu’on va frapper. C’est un personnage infiniment médiocre et odieux.

Jeu (entrée de Bertrand)

• Jean-Pierre Vincent : Bertrand n’arrive pas rêveur, mais tourmenté : tempête sous un crâne.

Jeu (Paroles : “ A la guerre mon petit, à la guerre ”)

• Jean-Pierre Vincent : C’est une exhortation : c’est Méphisto qui souffle dans les poumons de Faust.

Reprise (Bertrand : “ Perdu, et livré aux soucis pour toujours ! ”)

• Jean-Pierre Vincent : Il y a un problème de destinataire sur cette réplique : Bertrand s’adresse au monde? A Paroles ?

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