II, 4

• Jean-Pierre Vincent : Il faut faire attention à cela : ce n’est pas une catastrophe surmontée : c’est un changement de cap incertain. C’est quelque chose de suspendu. Désormais, c’est sur Bertrand que le Roi s’appuie. Les premières paroles de Paroles (“ Dieu vous bénisse, bienheureuse dame ”) sont un <Vive la mariée !>. Le “ Quel ennui ” dans la fin de la scène avec Bertrand pose problème ; il vaut mieux le supprimer. On enchaîne directement avec : “ Donc, en route ”.

Jeu (Hélène, Bouffon, Paroles)

• Jean-Pierre Vincent : Ça ne va pas
• Marc Bodnar : Je pensais que Paroles se défoule sur plus petit que soi avec le bouffon.
• Jean-Pierre Vincent : Oui mais ce n’est qu’un affrontement de mots, où Paroles se prend une nouvelle veste. Il y a une pitrerie vaine de la gesticulation.
• Marc Bodnar : Le bouffon est quand même une bonne cible...
• Jean-Pierre Vincent : Oui, mais non : il est trop méprisable pour être défié. Et, ô surprise, le bouffon lui rétorque une insulte. Comme toujours, Paroles s’en prend plein la figure. Tu annonces que tu es un chien dominant, et tu te prends un noyau de cerise dans l’œil. Il faut entendre les paroles du Bouffon : <Un jour vous serez la rigolade du monde>. Le rapport entre Paroles et le bouffon se fait uniquement à partir des mots. Paroles caricature auprès du bouffon ce que Lefeu a fait auprès de lui...

Jeu (Hélène, Bouffon)

• Jean-Pierre Vincent : Hélène, tu es mariée. Quelque chose a changé en toi ; il doit y avoir une assurance et une sécurité dans le corps. Il y a peut-être un très lointain mimétisme avec la Comtesse : tu es Comtesse. Et dès qu’elle est Comtesse, elle a une scène avec le bouffon. Quand le bouffon fait sa scène avec Paroles, elle réagit en spectatrice amusée : les choses te font rire. Les défaites de Paroles te font rire.

Jeu (Paroles - Bouffon)

• Jean-Pierre Vincent : Il y a des lenteurs dans la pensée de Paroles qui lui causent des déconvenues ; mais il se redresse toujours, comme une statue de monument aux morts.

Jeu (Hélène - Paroles)

• Jean-Pierre Vincent : Attention Hélène, il faut laisser la possibilité de croire que tu vas le prendre mal. Faut aménager des silences avant de répondre, des silences dont on ne sait pas ce qu’ils annoncent. Le texte de Paroles, “ Et en l’appuyant sur les raisons que vous trouverez bonnes ”..., c’est une phrase d’avocat ; il fait des alexandrins, c’est un homme de littérature.

Reprise (Hélène - Bouffon)

• Jean-Pierre Vincent : Le bouffon est le chien d’Hélène, son mouton ; c’est le mouton de la Sainte-Vierge. Et toi Hélène tu sais que tu parles à un dingue. Joue tout de suite le jeu des questions-réponses.

Jeu (entrée de Paroles)

(Jean-Pierre Vincent donne une indication de déplacement pour que Paroles découvre le Bouffon)

• Jean-Pierre Vincent : Pour Paroles il faut trouver une entrée fanfaronne à la Luis Mariano dans Mexico. Je suis persuadé que Shakespeare a tout piqué, en ce qui concerne le personnage de Paroles, au Miles gloriosus de Plaute. La rencontre avec le bouffon c’est un prétexte pour Paroles pour ne pas attaquer tout de suite sur Hélène.

Jeu

(Indications de placements)

• Jean-Pierre Vincent : Il faut un regard public pensif, à la Shakespeare. Pour Paroles, c’est une scène où il n’est pas complètement écrasé. Il a eu un succès avec Hélène : il a transmis son message sans se faire siffler.

Jeu (Paroles - Bouffon)

• Jean-Pierre Vincent : Il ne faut pas trop faire durer les silences : ça doit être vif comme un cabaret. “ tu es un pitre astucieux ” : <tu fais le malin>. Il faut réintroduire du jeu chez le bouffon, du ludique. Pas trop de mélancolie.

Jeu (Paroles)

• Jean-Pierre Vincent : Triomphe-défaite-triomphe-défaite... Tu n’es pas intimidé par ce que tu as à faire. <Je marche sur des œufs mais je les écrase avec élégance >. Ne sois pas trop contrit. Tu es l’annonciateur du bannissement et tu t’assumes très bien comme tel.

Jeu (Bouffon, à Paroles : “ Vous auriez dû dire, Monsieur : “ Face à moi, tu es une crapule ”)

• Jean-Pierre Vincent : Après cette réplique, Paroles a un temps d’incompréhension figée.

Jeu (Paroles - Hélène)

• Marc Bodnar : Paroles ne peut pas être aussi méchant tout de suite.
• Jean-Pierre Vincent : Si, sinon, ça manque de tension et d’acidité. Il faut la jouer un peu sadienne.
• Hélène Fabre : Et puis on se dispute tout les deux Bertrand...
• Jean-Pierre Vincent : Il y a un rapport pervers : Paroles sent qu’elle souffre. Il la caresse à rebrousse-poil. Il faut aussi qu’on sente un interrogation chez Hélène : <Pourquoi ne vient-il pas me le dire lui-même ?>. Il faut retrouver un rapport de concurrence et un rapport ludique-pervers entre les deux, comme dans la scène de la virginité. Il faut qu’on sente tout ce qu’il peut y avoir d’ennemi entre une femme et un homme.

Jeu (Paroles - Hélène)

Jean-Pierre Vincent joue la scène, seul :

• Jean-Pierre Vincent : “ Mon seigneur doit partir ce soir <vers le grand Nord, c’est un voyage mystérieux> / “ Que désire-t-il encore ? ” / <Ah, ça ne te suffit pas ? Tu ne t’écroules pas ?>. “ Dois-je lui rapporter ces paroles ? ”<Tu ne pleures pas ? Tu as vraiment compris ce que je t’ai dit ?>
• Marc Bodnar : En fait, c’est une scène de défoulement, quoi. Paroles se défoule sur Hélène après toutes les vexations qu’il a endurées...

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