II, 5 (Hélène - Bertrand)

• Jean-Pierre Vincent : Il n’y a plus de gaieté. D’abord elle est dans la soumission : <je suis ta femme> Et puis brusquement elle a un déclic : faire une demande sexuelle. Mais une femme soumise ne peut pas formuler une demande sexuelle.
• Laurent Sauvage : Est-ce que Bertrand comprend ?
• Jean-Pierre Vincent : Il y a un silence d’Hélène qui est une question implicite : <Pourquoi n’es-tu pas venu me le dire toi-même?>. Donc Bertrand se justifie : Roussillon lui donne rendez-vous en Roussillon. Il ne faut pas être trop odieux et trop sec, sinon le Roi comprend qu’il a menti en s’engageant. C’est un mensonge réussi, comme quand il s’engage avec Hélène. Comme toujours, il faut mettre une part de vérité dans ce mensonge : <Je n’étais pas prêt>. A un moment, Hélène fait basculer le monde ; Bertrand met du temps à comprendre que c’est un tremblement de terre.

(Jeu)

• Jean-Pierre Vincent : Hélène, tu as besoin du baiser. <Je suis une femme soumise du Moyen-Age, mais, excusez-moi, je ne supporte pas de vous quitter sans avoir mon baiser>. Il faut sentir que tu demandes quelque chose d’essentiel. Il faut aussi qu’on voie le désarroi de Bertrand devant la demande d’Hélène. Hélène n’ose pas dire ce qu’elle veut directement mais il y a une urgence du désir qui perce à travers cette hésitation.
• Laurent Sauvage : Ça fait penser à la scène de Bertrand avec Diana sauf que cette fois c’est Bertrand qui joue le rôle de la femme résistante, non consentante.
• Jeu (Lefeu - paroles)
• Jean-Pierre Vincent : Il ne faut pas que le texte soit un accessoire de jeu. Quand Lefeu dit “ Capitaine ” on doit entendre qu’il n’est pas capitaine. Tout le monde l’appelle capitaine parce que c’est une évidence qu’il n’est pas capitaine.
• Laurent Sauvage : Je suis perdu, je ne comprends pas l’enjeu de cette scène ; je règle un différend entre eux ?
• Jean-Pierre Vincent : Oui : tu es en train de partir, mais tu rends la justice avant. Il faut ranger ses affaires avant de partir. Tu rends une justice partiale, tu es du côté de Paroles. Attention quand même de ne pas être malpoli physiquement avec Lefeu. Lefeu t’a demandé de le réconcilier avec Paroles mais il est trop en colère. Par rapport à la pièce on commence à attaquer Paroles devant Bertrand ; c’est ça l’enjeu global. On commence à effriter le bloc de confiance que tu as en Paroles. Il faut prendre en charge ce moment de la pièce.
• Bernard Chartreux : Tu n’empêches pas seulement l’affrontement physique ; tu orientes ce qui se dit. Et Paroles triomphe puisqu’il est protégé par le rempart de Bertrand.

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