II, 3.

(Avant de commencer, quelques indications à Rémi Carpentier : “ Il n’y a pas d’amande dans cette coque ” il faut le faire en aparté : s’il n’y a pas d’aparté, on ne comprend pas pourquoi Bertrand change. Lefeu ne pète pas les plombs : il pousse le bouchon. Lefeu c’est un super flic, c’est Lino Ventura : il n’a jamais fait une bavure. Il est pas impotent, il est froid et maîtrisé.

A l’éclairagiste : après la sortie du roi, on sera dans des atmosphères nocturnes)

Jeu

  • Jean-Pierre Vincent : Paroles a un problème psychologique ; il ne peut rien faire. Il n’a que les mots. Et il y a une douleur dans cette pathologie. Il a des tentations héroïques : il faut le montrer en train de tenter d’arrêter physiquement Lefeu. Il s’agenouille pendant son texte sur Dieu, et n’a plus la force de se relever sous les insultes. Il faut montrer l’empêchement du faire. Paroles est envahi de noires pensées : son maître se marie et repart à Narbonne. Il faut inventer quelque chose pour vivre : Lefeu est sa planche de secours pendant une seconde. Cela préfigure ce qui se passera à l’acte V.
  • Rémi Carpentier : Lefeu me fait penser à ce héros dans Pour quelques dollars de plus : c’est un western où le héros se rend invincible en s’équipant d’une sorte de gilet pare-balles en fer, comme une armure.
  • Jean-Pierre Vincent : Et Paroles doit rengainer comme dans Sergio Leone. L’écharpe de Paroles c’est la légion d’honneur de la jobarderie. Paroles est très caméléon : il ne garde pas la mauvaise humeur d’avant. C’est un vrai drame du velléitarisme. Pour la scène de l’épée, il faut penser à Cartouche, à Fanfan la tulipe : bats-toi contre dix mecs en même temps. Ça me rappelle une histoire à propos de Robert Hossein : il raconte qu’il faisait le mur du pensionnat de curés pour aller au cinéma : quand il revenait, il racontait à ses copains en mimant toutes les scènes, tous les personnages, surtout les morts...

Jeu (Lefeu : “ mais le maître du comte, c’est une autre classe ”)

  • Jean-Pierre Vincent : Il faut montrer le rideau fleurs de lys pour faire comprendre au public. Lefeu est flegmatique ; il ne doit pas annuler le ludisme.

Jeu (Lefeu : “ J’aimerais pour toi que ce soient les peines de l’enfer ”)

  • Jean-Pierre Vincent : Paroles a peur de Lefeu comme de la statue du Commandeur. Il y a un amusement de dompteur chez Lefeu : c’est un adjudant un peu sadique qui joue avec son bidasse. Puis il se transforme en combattant de la chrétienté.

Jeu (fausse sortie de Lefeu)

  • Jean-Pierre Vincent : Il ne faut pas une entrée à la Feydeau au dernier moment. Il faut que tu rentres doucement.
  • Rémi Carpentier : Je rentre pour l’épier ?
  • Jean-Pierre Vincent : Oui.
  • Rémi Carpentier : Donc j’ai fait une fausse sortie ?
  • Jean-Pierre Vincent : Oui. Tu reviens pour t’amuser.

Jeu (monologue final de Paroles)

  • Jean-Pierre Vincent : C’est le Chirac des Guignols !
    Pour le degré d’invalidité de Lefeu, il faudra se décider. C’est Mitterrand à Solutré? Montgommery à Bir Hakeim? C’est comme un vieux général, il n’a pas d’invalidité grave réelle. Il doit devenir très insultant et colérique. Ce sont les bataillons de l’Afrique : un colonel de paras devient PDG d’une petite entreprise, il a des réminiscences de son activité militaire. En fait tu n’es pas invalide du tout : tu as la canne du commandant. Pense à Montgommery. “ Maraud ” c’est <enfoiré !>.

Jeu (Entrée de Bertrand)

  • Jean-Pierre Vincent : Flairez l’atmosphère qui est en train de changer ; Paroles doit sentir quelque chose qui change, il a un sourire malin. Pensez aux films d’évasion : il y a une complicité masculine gaie dans le moment de la prise de décision de l’évasion. C’est “ La grande évasion ”.

Jeu (Bertrand : “ La guerre, c’est la tranquillité ”)

  • Jean-Pierre Vincent : C’est un slogan. Paroles craint pour son costume : il a dépensé toutes ses économies pour se l’acheter. c’est un Méphisto très personnel derrière Bertrand.

Jeu (Paroles : “ Ce capriccio te durera-t-il? ”)

  • Jean-Pierre Vincent : Tu es vraiment inquiet

Jeu (Bertrand : “ Viens avec moi ”)

  • Jean-Pierre Vincent : Faites vraiment du catimini : imaginez que vous la voyez arriver.