V, 3 (Amertume du Roi ; La Comtesse : “ C’est du passé, mon suzerain ”)

• Jean-Pierre Vincent : Ça fait penser à “ quel triste passé ” qu’elle dit ailleurs : tu n’aimes pas le passé.

Jeu (Lefeu : “ Je dois dire une chose, mais je vous prie d’abord de m’excuser ”)

• Jean-Pierre Vincent : <Messieurs-dames, il y a beaucoup de sensibilité dans cet instant>, mais tu le dis avec la brutalité d’un caporal. Ça n’empêche pas la sincérité.

Jeu (Bertrand évoque Madeleine)

• Jean-Pierre Vincent : Les deux seigneurs trouvent ça bien passionnant.

Jeu (Lefeu : “ mon fils, en qui le nom de ma maison doit être digéré ”)

• Jean-Pierre Vincent : C’est un bon mot à l’intention de l’assemblée ; c’est le capitaine Haddock.
  Nous, public, nous sentons bien que vous dégringolez dans l’escalier, mais vous vous ne devez pas vous en rendre compte. La découverte doit être très progressive ; ignorez bien la fin du texte.

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Premier filage intégral

• Jean-Pierre Vincent : Il y a un gros problème de temps ; ça fait quatre heure cinq avec l’entracte. Il faut gagner quarante-cinq minutes. Dont trente cinq minutes sur la première partie. Dans la première partie on a des scènes à deux avec beaucoup d’informations à donner, et le temps où on les a répétées est un peu loin. Il faut penser public : être dans l’idée d’un fil du récit. C’est traversé par une foule de choses, mais ce qu’il faut restituer c’est 1) un départ, 2) une arrivée, 3) un autre départ. Sur l’acte II, la scène Hélène - le Roi, il faut accélérer. Les monologues d’Hélène doivent être plus actifs. Le travail tchekhovien de creusement des répliques doit être modifié : on n’a pas assez hiérarchisé les informations. Il faut traduire ce travail tchekhovien en Shakespeare, en action. Ce qui a manqué c’est l’autre monde. Shakespeare ne prend aucune précaution pour passer d’un univers théâtral à l’autre : le burlesque, le politique, l’émotionnel... La scène Paroles-Hélène a foiré : ce n’était pas gai et vous parliez bas.
• Marc Bodnar : J’ai du mal à la mettre en route...
• Jean-Pierre Vincent : C’est une pièce sans quatrième mur : ayez toujours conscience du public à qui vous racontez cette histoire. On fait avancer une romance shakespearienne. Dès le premier mot, il faut avancer vers la fin.
• Bernard Freyd : Il faudrait supprimer toutes les promenades d’intériorité. Il y a peut-être un manque de clarté dans les changements d’éclairages : il faudrait quelque chose de plus net et de plus cut comme dans Short-cuts.
• Jean-Pierre Vincent : Il faut plus de “ un clou chasse l’autre ”. Tout ce que nous avons de Schubert, Schuman, Tchaikovski, c’est non. Il faut le jouer Shakespeare. Pour la première scène du Roi on n’a pas assez l’image d’une cour royale désertée. C’est trop propret. Il faudrait une bonne sœur avec des bandes velpeau. Comme le palais à la fin d’Hamlet. Bertrand quand tu mens sincèrement à Hélène tu dois sentir la sincérité de la fin. On ne tortille pas du cul avec Shakespeare, ça a une vigueur qu’il faut restituer, sans ça, ça se retourne contre nous.

Reprise du début

• Jean-Pierre Vincent : Les monologues d’Hélène ce ne sont pas des soliloques pensifs. Il y a des auteurs mieux que Shakespeare pour ça. Ce sont des raisonnements que tu expliques au public. Le bouffon n’est pas assez irréel, du coup ça ne casse pas le théâtre. La Comtesse n’est pas assez méchante. “ je suis une mère ” c’est un thème qu’il faut lancer au public.

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