“Wie kann das Theater zugleich unterhaltend und lehrhaft sein?
Wie kann es aus dem geistigen Rauschgifthandel herausgenommen
und aus einer Stätte der Illusionen zu einer Stätte
der Erfahrungen gemacht werden?” 246
Il faut bien constater que l’image, que ce soit sous sa forme fixe (photographie, dessin, peinture) ou sa forme animée (cinéma, télévision, vidéo, CD-Rom) laisse peu de formateurs indifférents. Tout se passe comme si l’affrontement entre les deux idéologies évoquées au début de ce travail, celle de la télévision et celle du système éducatif, trouvait là son origine : ne s’agirait-il pas en réalité d’une opposition entre iconophiles et iconoclastes, nouvel épisode d’un débat autour duquel se construit la culture de notre civilisation depuis plusieurs siècles ? Ne peut-on pas voir le développement concomitant d’une ère de l’écrit et de l’image ou, pour reprendre les termes de Régis Debray, la superposition et l’imbrication de la “graphosphère” et de la “vidéosphère”247 ? Pour répondre à cette hypothèse, récurrente dans ce travail, nous voulons poser la question en terme de légitimité de l’image et de représentations chez les enseignants de langue étrangère. La connaissance de leur image de l’image, et particulièrement de leur représentation de l’image télévisuelle ne serait pas qu’un simple constat psychologique ou sociologique ; elle permettrait d’expliquer des pratiques d’enseignement et les nombreux reproches qui sont adressés à la télévision. Nous nous intéresserons donc dans un premier chapitre aux représentations qu’ont les enseignants des images au regard d’une utilisation en contexte d’enseignement/apprentissage ; ce niveau l’analyse portera sur l’ensemble des disciplines, même si nous insisterons surtout sur les enseignants de français, langue étrangère ou maternelle. Nous essayerons aussi de savoir, notamment par le biais d’enquêtes nationales réalisées ces dernières années, ce qui se passe à l’intérieur de la classe de langue, quelle place est donnée à l’outil télévisuel. Nous sommes d’avis que la didactique des langues n’a suivi qu’en apparence l’évolution technique ou technologique, et qu’elle est encore aujourd’hui marquée par la méthodologie audiovisuelle traditionnelle, que ce soit à propos du rôle de l’image dans l’apprentissage ou du dispositif communicatif lié à son usage. Ceci nous amène dans cette partie à cerner les spécificités du DTV - Document Télévisuel Vidéo tel qu’il a été défini dans l’introduction - et à montrer ce qu’elles apportent à l’apprentissage des langues. Nous consacrerons donc plusieurs chapitres à la construction/déconstruction du message télévisuel-vidéo, en accordant une place dominante aux systèmes visuels et filmiques, sans négliger pour autant la partie sonore. Nous montrerons ainsi d’une part les potentialités discursives, cognitives et culturelles du message audiovisuel pour un usage en enseignement présentiel, et d’autre part dans quelle mesure les médias visuels favorisent un apprentissage de la langue interactif. Il nous faudra dans la partie suivante nous intéresser à d’autres situations d’enseignement/apprentissage et à de nouveaux dispositifs communicatifs entre l’apprenant, l’enseignant et la langue médiatée, qu’elle soit d’origine télévisuelle, vidéo ou informatique.
“Comment est-ce que le théâtre peut à la fois divertir et former ? Comment peut-on le faire sortir de ce trafic de drogues pour l’esprit ? Comment peut-on le faire passer d’un lieu d’illusion à un lieu d’expérience ?” in Bertold Brecht, Über experimentelles Theater, Gesammelte Werke, Bd. 15, Frankfurt a. M., Suhrkamp, 1967.
Régis Debray, Vie et mort de l’image, Une histoire du regard en Occident, Gallimard, 1992, p. 222.