2.2.1.1.2. Spécificités médiatiques et didactiques

Les fonctions des signes scripto-visuels :

L’image animée des médias englobe divers types de représentations allant d’une représentation très fidèle de la réalité (comme dans les signes iconiques) à des représentations symboliques. Les symboles visuels sont nombreux et variés : écrits sous forme de mots ou de nombres, des pictogrammes, des lignes et courbes dans les cartes et les schémas. Ces signes font soit partie de la réalité filmée sous forme de panneaux, affiches, banderoles, ou de cartes et de schémas ; soit ils sont ajoutés dans l’image télévisuelle en régie par différents procédés techniques, ce sont alors des textes, des titres, des rubriques des génériques.... On distinguera à ce niveau l’écrit qui est dans le document télévisuel brut et celui qui a pu être rajouté dans le document à des fins didactiques (le sous-titrage). Par delà cette différence d’origine, peu importante pour l’apprentissage, il faut s’attarder sur les différentes fonctions de ces signes : ils renvoient soit à l’émetteur, soit au locuteur présent à l’écran et/ou au contenu du message.

Un exemple de cette première fonction est le logo de la chaîne. C’est un signe distinctif dont la forme et la couleur ont une importance aussi grande que le référent. Non seulement il sert à l’habillage de la chaîne, mais aussi au repérage du téléspectateur qui est aujourd’hui confronté à l’offre des télévisions nationales et étrangères. La quasi totalité des logos sont une combinaison des signes iconiques et verbaux : ainsi le chiffre 2 de France 2 de couleur rouge affiché dans la partie droite de l’écran s’impose à la vue. Au-delà de l’effet d’accroche visuelle, ce symbole en aidant le téléspectateur à se repérer renvoie directement à l’émetteur télévisuel (une chaîne nationale française).

La deuxième fonction se manifeste en général par des textes écrits placés dans la partie inférieure de l’image qui renvoient aux locuteurs présents à l’écran, ou dans la partie supérieure de l’écran pour l’exemple du bulletin météo. Ils permettent l’identification d’une personne, d’une date ou d’un lieu et donnent des indications d’ordre temporel et spatial; il sont bien sûr à mettre en relation avec les signes iconiques. D’un point de vue didactique, ils ont comme intérêt de fixer à l’écran, par une sorte d’arrêt sur image, une information qui est souvent donnée sous la forme verbale, mais de manière trop rapide pour l’apprenant. Cette différence de temporalité entre scripto-visuel et oral ouvre la transition entre le canal visuel et sonore. En ce qui concerne les sous-titres à l’écran généralement utilisés lors du passage d’émissions et de films en langue étrangère où l’on souhaite respecter la langue d’origine313, ce sont des soutiens et des aides à la compréhension. Cependant leur fonction est de doubler le canal sonore, ce ne sont pas des signes visuels au sens où nous l’entendons dans ce chapitre. Nous aurons l’occasion de revenir sur les sous-titres à propos du message sonore, dans le chapitre sur les relations intersémiotiques (2.2.2.2.).

La troisième fonction renvoie au contenu du message, ce sont les différentes représentations graphiques sous la forme de cartes, schémas, tableaux, pourcentages, nombres, voire de textes et mots-clés. Ces représentations doivent être signifiantes pour le lecteur/spectateur, elles doivent être comprises d’un large public composé d’individus socialement différents : il s’agit d’évoquer rapidement des réalités concrètes et de percevoir globalement une information. Trois niveaux référentiels sont à distinguer : graphique, gestuel et verbal qui fonctionnent en complémentarité. Les signes scripto-visuels sont contenus en partie dans le message verbal, la référence déictique renforce ou explicite le sens, la redondance dans le discours des locuteurs a pour but d’ancrer des informations chez le récepteur, ou de résumer l’essentiel. L’exemple des valeurs des températures est une caractéristique scripto-visuelle intéressante : les cartes montrent une densité d’informations difficilement lisibles pour le spectateur, chaque nombre correspond à une ville du territoire français. Cependant, chacun repère l’information qui l’intéresse, les valeurs données pour “sa” ville. L’émetteur suppose chez le spectateur français une bonne connaissance du territoire qui permette à chacun de s’identifier par la représentation de sa ville sur la carte.

Notes
313.

On remarque que la télévision utilise de plus en plus le sous-titrage dans ses émissions, il s’agit de la chaîne franco-allemande arte et de plus récemment de TV5 dans une perspective multiculturelle ; des émissions françaises sous-titrées en français pour faciliter la compréhension des non francophones, mais aussi en diverses langues européennes (allemand, hollandais, suédois ou russe) afin d’atteindre un large public qui s’intéresse à des thèmes francophones.