1.2.1.2. Le modèle de Collins & Loftus (1975)

Le modèle de Collins et Loftus (1975) retient du modèle de Collins et Quillian la représentation en réseau : un concept est un noeud relié à d’autres noeuds (Figure 4).

message URL FIG004.gif
Figure 4 - Illustration du modèle de distribution d’activation (d’après Collins et Loftus, 1975).

La mémoire est définie comme un réseau d’unités associées, interconnectées, mais ici les concepts ne sont pas organisés hiérarchiquement. En effet, l’organisation de ce réseau, c’est-à-dire sa densité, la longueur des liens associant deux concepts, le nombre de liens associant un noeud à plusieurs autres en fonction du nombre de caractéristiques partagées, dépend de la relation sémantique entre les concepts, ou “distance sémantique”.

Dans ce modèle, les auteurs mettent surtout l’accent sur le processus par lequel deux concepts sont mis en relation : la diffusion de l’activation. Ce processus repose sur deux ensembles de postulats :

Les postulats locaux  rendent compte de règles applicables à un niveau élémentaire du réseau, par exemple :

Lorsqu’un stimulus est traité, le concept correspondant est activé dans le réseau et l’activation engendrée se diffuse à partir du concept en question le long des branches du réseau. La quantité d’activation dans le réseau décroît avec la distance parcourue par l’activation : plus l’activation diffuse en s’éloignant du concept source, plus elle s’atténue. De plus, ce gradient décroissant dépend du poids de la connexion. Plus précisément, il est inversement proportionnel au poids de la connexion, c’est-à-dire que plus la relation sémantique entre concepts est faible, plus la décroissance est importante (décroissance exponentielle).

Plus le temps de traitement d’un concept est important, plus la décharge d’activation est maintenue dans le temps. Cependant, les auteurs postulent qu’un seul concept peut être traité à un instant donné. En d’autres termes, cela signifie que l’activation ne peut être émise à partir de deux concepts traités simultanément.

La quantité globale d’activation qui diffuse dans l’ensemble du réseau à partir d’un noeud source est limitée. Par conséquent, si un concept activé est associé à plusieurs autres, alors chacun des concepts associés ne pourra être que faiblement activé. La quantité d’activation reçue par chaque noeud est proportionnelle à leur force de connexion avec le noeud source.

Les activations qui convergent vers un noeud s’ajoutent et le concept en question ne peut être activé à son tour que si la quantité totale d’activation qui lui parvient des différents noeuds atteint une valeur seuil (le niveau d’activation du noeud “récepteur”).

L’activation d’un concept baisse avec le temps pour revenir à son état (ou niveau d’activation) initial.

Les postulats globaux s’attachent plutôt à décrire l’organisation générale de la mémoire :

Les relations entre concepts sont essentiellement sémantiques.

Collins et Loftus distinguent le réseau sémantique précédemment décrit et organisé autour d’un principe de similitude sémantique, d’un réseau lexical organisé autour de la similitude phonétique et orthographique. Ce réseau lexical est supposé contenir les noms des concepts. Chaque nom du réseau lexical est relié à un ou plusieurs noeuds concepts du réseau sémantique.

Un individu peut avoir sélectivement accès soit au réseau sémantique, soit au réseau lexical, soit aux deux en même temps.