1.3.2.3. Logan (1988, 1990, 1991, 1992)

La conception de la trace de Logan (1988, 1990, 1991, 1992) s’insère dans un cadre théorique original puisque Logan ne cherche pas explicitement à développer un modèle de mémoire mais plutôt, un modèle rendant compte des processus automatiques. Pourtant, ce modèle trouve sa place dans ce chapitre. En effet, Logan soutient l’idée selon laquelle l’automaticité est un phénomène mnésique et en tant que tel, sa théorie de l’automaticité soulève naturellement la question des représentations qui sous-tendent les performances automatiques. Le modèle explicatif des mécanismes automatiques de Logan est basé sur la notion de trace.

L’idée de base du modèle de Logan (1988) est que, la réalisation d’une action est possible, à l’origine, grâce à une stratégie (i.e., un algorithme). Chaque fois qu’une tâche est réalisée avec succès, une trace est déposée en mémoire. Par la suite, ces traces peuvent être récupérées et réutilisées. Par exemple, un problème simple de multiplication tel que 3 3 peut être résolu en additionnant 3 et 3 et en ajoutant 3 au résultat, ou bien si le problème a déjà été rencontré auparavant, en récupérant la solution directement en mémoire. Dans la théorie de Logan (1988, 1991), les performances sont basées sur l’issue d’une “course” entre l’exécution de l’algorithme et la récupération d’une des nombreuses traces stockées en mémoire. La récupération en mémoire étant en général plus rapide que la réalisation du calcul, Logan suppose que l’encodage de traces supplémentaires augmente la probabilité de retrouver un épisode. Ainsi, les traces stockées finissent par “gagner la course”, c’est-à-dire par prendre le pas sur l’algorithme. Par conséquent, avec l’apprentissage et l’expérience, la réalisation de la tâche s’automatise (i.e., les performances initialement basées sur l’algorithme sont dorénavant réalisées à partir des épisodes mnésiques).

Cette théorie de l’automaticité repose sur trois hypothèses principales.

Conclusion

Hintzman (1986), Whittlesea (1987) et Logan (1988) proposent des modèles de mémoire purement épisodique en considérant que les traces sont des entités localisées (localisables), mais épisodiques et multidimensionnelles. Whittlesea insiste davantage sur l’aspect multidimensionnel des traces et postule que leurs composantes ont un poids variable selon le traitement de l’information, c’est-à-dire selon le contexte. Ainsi, Whittlesea introduit le paramètre d’intégration capable de rendre compte de cet effet de contexte. Cette notion d’intégration est absente dans le modèle de Hintzman. En effet, selon Hintzman, un stimulus est défini sur un certain nombre de traits. Lorsqu’un stimulus est traité, la trace qui se rajoute en mémoire dépend uniquement du stimulus, le contexte n’est pas pris en compte. Or, pour Whittlesea, le rajout d’une nouvelle trace dépend du stimulus et de la façon dont il a été traité. Logan s’intéresse aussi à la valeur attentionnelle attribuée au traitement de l’information et à l’impact de cette distribution d’attention sur la mise en mémoire, la construction d’une trace et sur sa récupération.

Certains de ces modèles diffèrent aussi quant à leur conception de ce qui est récupéré en mémoire. Il s’agit d’une trace recomposée pour Hintzman et de traces spécifiques pour Whittlesea et Logan. L’hypothèse de la récupération obligatoire de Logan laisse penser que, comme Whittlesea, la récupération est “modulable” (en fonction de l’attention).

Une critique peut être émise à l’encontre de ces modèles à propos de la notion de traces indépendantes entre elles. Il est supposé que chaque épisode de traitement de l’information entraîne la construction d’une trace, indépendamment de celles déjà existantes, c’est-à-dire sans que cela entraîne une éventuelle modification d’une trace pré-stockée. La même critique peut s’appliquer au niveau des dimensions d’une trace. Dans le modèle de Hintzman, les primitives sont “simplement” juxtaposées et sont toutes équivalentes au sein de la trace. Même si Whittlesea propose que le poids des composantes d’une trace varie selon leur degré d’intégration (traitement attentionnel), il ne transpose pas cette hypothèse à la notion de trace. Dans les modèles suivants les traces sont distribuées et par conséquent, beaucoup moins indépendantes les unes des autres.