Mécanismes associés au principe d’activation : la notion de seuil

Un modèle d’identification de mots, le modèle des logogènes de Morton (1969, 1979), est un des premiers à décrire le fonctionnement sous-jacent aux effets d’amorçage basés sur le principe d’activation. Par la suite, d’autres auteurs (e.g., McClelland & Rumelhart, 1981) ont apporté quelques modifications aux propositions de Morton.

Le modèle de Morton (1969, 1979) propose une représentation séparée pour chaque mot dans le lexique. Dans ce modèle, la présentation d’un mot active ou récupère l’entrée lexicale abstraite (appelée logogène)  qui lui est associée. Morton fait l’hypothèse que pour être identifiées, les unités lexicales  stockées en mémoire doivent atteindre une valeur d’activation minimale, appelée seuil d’activation (Figure 10).

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Figure 10 - Amorçage de répétition et baisse du seuil d’identification (Morton, 1969).

L’important dans ce modèle, est de noter que le seuil d’activation d’un logogène peut varier : la présentation visuelle d’un item est supposée abaisser le seuil du logogène de l’input en question. De ce fait, le temps mis pour atteindre ce seuil (qui correspond au temps d’accès au mot) est d’autant plus court que le seuil est bas. Avec le temps, il est supposé que le seuil du logogène revient à son état initial ou du moins, à un niveau proche du niveau initial. Si un mot est répété alors que le seuil du logogène n’est pas encore revenu à la “normale”, celui-ci est atteint plus rapidement, ce qui produit un effet d’amorçage de répétition (Figure 10).

Le modèle d’activation-interactive (McClelland & Rumelhart, 1981) est conçu comme un réseau formé de trois niveaux séparés et connectés d’unités : les unités traits, lettres et mots (nous détaillerons davantage la structure de ce réseau au Chapitre 4). Chaque unité à une valeur d’activation donnée qui correspond à la force de l’hypothèse concernant la présence de l’unité en question dans le stimulus perçu. Le principe d’activation-interactive fait que le niveau d’activation d’une unité peut être augmenté. Ce modèle explique aussi les effets d’amorçage de répétition, mais contrairement à Morton, le seuil d’activation nécessaire à l’identification est constant (Figure 11).

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Figure 11 - Amorçage de répétition et niveau d’activation résiduel (McClelland & Rumelhart, 1981).

L’amorce est supposée produire une augmentation du niveau d’activation de base de sa représentation en mémoire. Ainsi, lors du traitement d’un mot cible identique au mot amorce, la représentation de la cible a un niveau d’activation de base plus élevé que si un mot différent avait été présenté en amorce. Ainsi, plus le niveau d’activation de base (ou niveau d’activation résiduel) est élevé, plus le seuil d’identification est atteint rapidement. Autrement dit, lorsque le mot correspondant à l’unité activée est présenté une seconde fois tandis qu’il y a encore une activation résiduelle due à la première présentation, le seuil est atteint plus rapidement (Figure 11).