3.1.3.1. Effets observés sur les mots

Des analyses de variance séparées ont été réalisées avec les sujets (notées Fs) et avec les items (notées Fi) en tant que facteurs aléatoires. Celles réalisées avec les sujets incluaient les facteurs SOA (75, 270, 1520 ms), Relation amorce/cible (identiques, différentes) et Fréquence des items (fréquents, rares) en tant que facteurs intra-sujets et celles réalisées avec les items incluaient les facteurs SOA (75, 270, 1520 ms) et Relation amorce/cible (identiques, différentes) en tant que facteurs intra-sujets, ainsi que le facteur Fréquence des items en tant que facteur inter-sujets.

Le Tableau 3 indique les temps de réponse moyens mis pour identifier correctement les mots cibles et les effets d’amorçage de répétition obtenus dans chaque condition expérimentale de cette expérience.

Tableau 3 - Temps de réponse moyens et effets d’amorçage de répétition correspondants calculés par sujet (en ms). Les erreurs standards sont indiquées entre parenthèses.
Conditions expérimentales Relation amorce/cible Amorçage de répétition
SOA Fréquence Différentes Identiques
75 ms Fréquents 622 (12.6) 585 (13.5) 37
Rares 813 (23.7) 705 (21.2) 108
270 ms Fréquents 601 (13.8) 541 (19.3) 60
Rares 784 (29.8) 646 (20.8) 138
1520 ms Fréquents 600 (12.1) 548 (14.7) 52
Rares 740 (27.7) 609 (21.0) 131

Les analyses ont mis en évidence des effets principaux significatifs des variables Fréquence, Relation et SOA : les mots fréquents étaient identifiés plus rapidement (583 ms) que les mots rares (716 ms), Fs(1, 17) = 111.4, p < .0001 et Fi(1, 94) = 174.2, p < .0001 ; une cible précédée d’une amorce identique était identifiée plus vite (606 ms) qu’une cible précédée d’une amorce différente (693 ms), Fs(1, 17) = 111.1, p < .0001 et Fi(1, 94) = 60.1, p < .0001 ; enfin, les temps de réponse diminuaient au fur et à mesure que le SOA augmentait, Fs(2, 34) = 19.2, p < .0001 et Fi(2, 188) = 17.6, p < .0001.

L’interaction des facteurs SOA et Fréquence était significative avec l’analyse par sujet, Fs(2, 34) = 6.8, p < .005 et approchait le seuil de significativité (de .05) avec l’analyse par item, Fs(2, 188) = 2.9, p = .054 : les mots fréquents étaient significativement plus vite identifiés que les mots rares, et cette différence diminuait avec le SOA. L’interaction des facteurs Fréquence et Relation était également significative, Fs(1, 17) = 14.9, p < .005 et Fi(1, 94) = 7.6, p < .01. L’effet d’amorçage était plus important pour les mots rares (126 ms) que pour les mots fréquents (50 ms), bien que significatif  à la fois pour les mots rares, Fs(1, 17) = 81.7, p < .0001 et Fi(1, 284) = 49.4, p < .0001 et pour les mots fréquents, Fs(1, 17) = 12.8, p < .005 et Fi(1, 284) = 28.1, p < .0001. L’interaction des facteurs Fréquence, Relation et SOA n’était pas significative, ce qui indique, comme le montre la Figure 13, que les effets d’amorçage étaient systématiquement plus importants pour les mots rares que pour les mots fréquents, ceci quel que soit le SOA.

message URL FIG013.gif
Figure 13 - Effets d’amorçage de répétition (en ms) en fonction de la Fréquence des stimuli et du SOA.

Conclusion

Les effets principaux des variables manipulées étaient significatifs : les mots fréquents étaient plus vite identifiés que les mots rares ; de même, les mots cibles identiques à leurs amorces étaient identifiés plus rapidement que les cibles différentes de leurs amorces. L’effet de la variable SOA montrait que les mots étaient plus vite identifiés avec les SOA les plus longs (de 270 et 1520 ms). Au delà de 270 ms, les temps de réponse (reflétant le temps d’identification de la cible) se stabilisaient pourtant. Augmenter le délai amorce/cible facilitait donc l’identification des cibles jusqu’à un certain point.

En ce qui concerne l’interaction qui nous intéresse plus particulièrement, entre les facteurs Fréquence, Relation et SOA, les résultats obtenus sur les mots ont mis en évidence des effets d’amorçage plus importants pour les mots rares que pour les mots fréquents, ceci quel que soit le délai amorce/cible. Ainsi, nous avons répliqué l’atténuation de l’effet de fréquence couramment observé dans des conditions d’amorçage non masqué.