3.1.4. Discussion

Le but de cette première expérience était surtout de répliquer l’atténuation de l’effet de fréquence généralement observé avec un paradigme d’amorçage non masqué (e.g., Forster et al., 1984 ; Jacoby, 1983 ; Jacoby et al., 1981 ; 1987 ; Norris, 1984 ; Scarborough et al., 1977 ; Versace, 1998). Cette étude, réalisée dans des conditions telles que l’amorce était parfaitement identifiée (amorces non masquées, présentées pendant 50 ms) a effectivement montré que les mots rares bénéficiaient davantage de la répétition que les mots fréquents, ceci indépendamment du délai entre l’amorce et la cible. Puisque les effets d’amorçage varient selon la fréquence “lexicale”, il est possible de conclure que l’activation engendrée par la présentation de l’amorce a lieu à un niveau de représentation lexical.

Mais l’étude des effets des variables manipulées sur les pseudomots cibles apporte des éléments complémentaires et apparemment contradictoires avec l’interprétation lexicale de la nature d’une trace. Tout d’abord, les effets d’amorçage  observés sur les pseudomots étaient plus faibles que ceux observés sur les mots, les temps de décision lexicale  ayant été en moyenne plus rapides pour les mots (649 ms) que pour les pseudomots (732 ms). Toutefois, comme il existe des effets d’amorçage  de répétition sur les mots, il semble qu’il existe aussi des effets d’amorçage sur les pseudomots. Selon Forster et Davis (1984), obtenir des effets d’amorçage sur les pseudomots est incompatible avec l’interprétation lexicale  de la nature d’une trace puisque par définition, les pseudomots n’ont pas de représentation lexicale  préexistante en mémoire. Aussi, les effets d’amorçage obtenus sur les pseudomots doivent avoir été médiatisés par des représentations d’une autre nature. Puisque la perception du mot “cahier” aide le traitement du pseudomot “capier” et que dans cette condition l’amorce et la cible partagent des informations orthographiques et phonologiques, les représentations préexistantes ayant joué un rôle dans cet effet d’amorçage pourraient être de nature orthographique et/ou phonologique.