3.4.2. Méthode

3.4.2.1. Participants

Trente-six étudiants de l’Université Lumière Lyon 2, de langue maternelle française, ont volontairement participé à cette expérience.

3.4.2.2. Stimuli et plan expérimental (Annexe 2)

Pour cette nouvelle expérience d’amorçage masqué, davantage de mots ont été utilisés de façon à augmenter le nombre d’items par condition expérimentale. 288 mots ont été sélectionnés dans la base de données Brulex pour constituer l’ensemble des essais expérimentaux. Comme dans les expériences précédentes, il s’agissait de noms communs de 5 ou 6 lettres, la moitié était des mots fréquents (moyenne de 10702 occurrences par million) et l’autre moitié, des mots rares (moyenne de 282 occurrences par million). A partir de 384 mots différents de ceux utilisés pour construire les paires expérimentales, 192 pseudomots ont été formés de la même manière que dans les autres expériences.

Les participants étaient exposés à 384 paires amorces/cible, 192 paires formées de mots en amorce et en cible (paires expérimentales) et 192 paires formées d’un mot en amorce et d’un pseudomot en cible (paires distractrices). La moitié des paires expérimentales (96) était constituée de mots amorce et cible fréquents et l’autre moitié, de mots rares. L’équivalent était réalisé pour les paires distractrices. La moitié des mots cibles étaient précédée d’amorces identiques et l’autre moitié, d’amorces différentes. Un mot cible précédé d’une amorce identique pour la moitié des participants était précédé d’une amorce différente pour l’autre moitié. Dans cette expérience, un pseudomot cible était toujours précédé d’un mot amorce différent. Le SOA variait aléatoirement d’un essai à l’autre et pouvait être de 75, 270 ou 625 ms. Une paire amorce/cible  présentée avec un SOA de 75 ms pour un tiers des sujets était présentée avec un SOA de 270 ms pour un autre tiers et avec un SOA de 625 ms pour le dernier tiers. L’ordre de présentation des différentes conditions expérimentales était aléatoire.

A noter que, par rapport aux expériences réalisées  jusqu’à présent, le matériel et la construction des couples amorce/cible ont été contrôlés de manière plus rigoureuse :

  • Une amorce et sa cible étaient des items de même longueur (alors que précédemment, une amorce de 5 lettres pouvait être associée à une cible de 6 lettres par exemple) et avaient, autant que possible, le même nombre de syllabes (1 ou 2 syllabes).

  • Pour constituer des paires amorce/cible absolument différentes, nous avons veillé à ce qu’une amorce et une cible ne soient pas sémantiquement reliées (comme dans les Expériences 1 et 2) et sur le plan perceptif, nous avons fait en sorte qu’il y ait peu de recouvrement entre les lettres de l’amorce et celles de la cible. Ainsi, le nombre de lettres communes et leur position a été rigoureusement contrôlé (voir Humphreys, Evett, & Quinlan, 1990, Expérience 1) : nous admettions 1 lettre commune pour des items de 5 lettres et 2 lettres communes pour les items de 6 lettres, les lettres communes n’étant jamais situées à la même position dans les items considérés (sauf lorsqu’il s’agissait d’un “e” final).

  • En ce qui concerne la fréquence, comme précédemment, une amorce et une cible appartenaient au même ensemble défini selon sa fréquence lexicale, mais pour cette expérience, nous avons fait en sorte que, pour chaque couple, l’amorce et la cible aient une fréquence beaucoup plus proche que dans les expériences antérieures 9.

  • Il est aussi clairement établi que la densité du voisinage orthographique d’un mot interagit avec sa fréquence lexicale.  En effet, plusieurs auteurs (Andrews, 1989, 1992 ; Forster & Shen, 1996 ; Peereman & Content, 1995) ont montré que plus le nombre de voisins orthographiques d’un mot est élevé, plus la décision lexicale  à prendre est rapide, et ceci davantage pour les mots rares. D’autres auteurs (Grainger, 1990, 1992 ; Grainger & Segui, 1990 ; Segui & Grainger, 1990a) ont trouvé que la fréquence des voisins orthographiques est un facteur pertinent. Plus précisément, les décisions lexicales sur des mots possédant au moins un voisin orthographique plus fréquent qu’eux-mêmes seraient plus longues que celles de mots en tout point comparables, mais n’ayant pas de voisin orthographique plus fréquent. Donc, pour ne pas attribuer les différences de traitement entre les mots fréquents et les mots rares à ces variables mais bien plutôt à la fréquence lexicale  du mot, nous avons choisi de maintenir la variable “densité du voisinage orthographique” constante : le nombre moyen de voisins des mots fréquents était de 1,28 et celui des mots rares était de 1,67. Cette faible densité du voisinage limitait aussi la probabilité de sélectionner des voisins plus fréquents que les mots tests.

Notes
9.

Le fait de rapprocher davantage la similarité entre la fréquence de l’amorce et de la cible d’un même couple a eu pour effet d’augmenter la fréquence lexicale moyenne du groupe des mots fréquents : le nombre moyen d’occurrences par million est passé de 7156 (Expériences 1 et 2) à 10702 (Expérience 3).