0.4.4 Les limites d'une recherche empirique

Un parallèle entre les positions de l'intervenant et du chercheur nous semble s'imposer.

Bien sûr les niveaux d'action sont différents puisque l'un produit simplement de la connaissance pour l'action alors que l'autre produit des connaissances nouvelles qui n'ont pas forcement une application immédiate; mais leurs comportements par rapport à l'objet à connaître sont très proches; que ce soit sur leur méthodologie, leur distance par rapport à l'objet, leur implication dans le processus même de l'investigation.

Tout le problème tient dans la relation que l'intervenant entretient avec l'objet, comme le chercheur, et du contrôle qu'il a ou pas des relations de sa subjectivité à l'objectivité 44 dont il se réclame. Peut-on accoler l'adjectif pure à objectivité et subjectivité ? Cette difficulté prégnante doit inciter l'intervenant, comme le chercheur à clarifier en permanence sa double position sujet et objet, selon les différents moments de son intervention.

Ce travail de clarification est d'autant plus nécessaire que notre objet de recherche se situe entre deux familles de limites (celle ayant induit cette recherche et celle sur laquelle elle aboutit), et ouvre également quelques perspectives de recherche.

La recherche dans la plupart des disciplines de gestion comporte un fort ancrage dans l'observation de terrain et, cela, indépendamment de la question de savoir si le recueil d'informations sur les situations concrètes vise à valider ou à infirmer des théories préexistantes ou bien à légitimer de nouveaux fondements théoriques (Boissin J-P., Castagnos J-C., et Guieu G., 1996 45 ).

Cette présence du terrain, concrétisée au sein de nos travaux par l'étude de cas expérimentaux se traduit par l'utilisation d'une forme de recherche-action nous ayant permis de compléter la validation de nos représentations conceptuelles.

Notes
44.

La subjectivité, selon une remarque d'Edgar Morin, a pour corrélat le plein emploi de la volonté d'objectivité du chercheur sous forme d'une auto-analyse permanente. MORIN E. : "Sociologie", Fayard, 1984, 465 p.

45.

L'ancrage au terrain dérive de trois considérations : le pragmatisme, l'évolutionnisme et, enfin, le fait que de nos jours les théories et les modèles, les instruments d'analyse sont suffisamment nombreux et les courants de pensée bien structurés pour entrevoir la recherche en stratégie comme une construction devant essentiellement progresser par confrontation au terrain. BOISSIN J.-P., CASTAGNOS J.-C. et GUIEU G., " Six ans d'articles sur la stratégie dans les revues scientifiques Francophones", septembre 1996, 43 p.