3.4 Synthèse : le contexte au macroniveau des processus de construction

Cette étape de notre recherche nous a permis de souligner, par le repérage des évolutions des champs d'expression des activités élémentaires au fil des siècles, la prégnance du processus "exponentiel" de multiplication de leur nombre qui, ajouté à la multiplication parallèle des acteurs, aboutit aujourd’hui à une très grande complexité génératrice de DSC. La récapitulation suivante identifie de façon synthétique au macroniveau, à partir de l'antiquité jusqu'à nos jours, les inducteurs de ruptures et les ruptures observées dans la régulation des activités élémentaires

Repères historiques des ruptures Inducteurs de rupture : multiplication et complexification des activités élémentaires Ruptures observées dans la régulation des activités élémentaires
Première epoque : mise en œuvre des principes de l'harmonie Vitruvienne (solidité, utilité, beauté)
Première rupture : Antiquité ( à partir de 2500 ans environ avant JC) Complexité des monuments funéraires, apparition de l'architecte bâtisseur Apparition des logiques différentiées MOU et MOE (apparition de l'architecte)
Deuxième rupture : Mort d’Alexandre en 323 avant Jésus-Christ : Rome de Vitruve Sophistication croissante des programmes et des procédés de construction. Dissociation entre ordonnance extérieure et structures des édifices Apparition des logiques "architecte ingénieur" et compagnons (mission spécifique mise en œuvre ressources technologies et processus chantier)
Troisième rupture : Moyen age XIIe et XIIIe siècles Rationalisation des tâches de mise en œuvre Emergence de l'architecte ingénieur spécialiste processus et de l'apparator conducteur de travaux
Quatrième rupture : Renaissance XIV XV Et XVI siècle : Filippo Brunelleschi le visionnaire Primauté de l'esthétique sur le technique – Renouvellement des méthodes de construction – Sophistication des programmes (apparition des réseaux internes dans les habitations) Abandon du chantier par l'architecte - Apparition de l'ingénieur spécialiste de la conception processus
Deuxième epoque : emergence et prégnance des technologies issues de la révolution industrielle
Cinquième rupture : XVIII siècle Remise en cause des principes Vitruviens Eclatement de la conception produit - Apparition de l'ingénieur "structures" en conception produit
Sixième rupture : XIX siècle Début de diversification des matériaux et des techniques de construction (fer et béton armé) – Exigences de confort Apparition d'ingénieurs et d'entrepreneurs spécialisés
Septième rupture : Début XX siècle Diversification des techniques et matériaux remise en cause des principes architecturaux et prédominance des bureaux d'études en conception - apparition des missions d'aide au MOU
Huitième rupture : Fin XXe et début XXIe siècles Défauts de conception, de pilotage global, sinistres, risques professionnels Emergence des acteurs institutionnels (fortes contraintes réglementaires et normatives enregistrées par un nouveau processus P6) - Multiplication des missions d'aide au MOU - Apparition de nouveaux acteurs empiétant encore plus sur les missions architectes

Cette approche historique nous a permis d’identifier le contexte et les enjeux actuels portés par la complexité de la régulation des activités élémentaires au macroniveau consacrant la huitième rupture qui s'est opérée dans la régulation des activités élémentaires (voir Figure 78), de confirmer le rétrécissement apparemment ininterrompu de la mission d'architecte et l'absence presque chronique d'une mission formelle de supervision lourde de conséquences pour la qualité de la régulation des activités élémentaires et des processus de construction.

Elle nous a enfin permis d’identifier des logiques et leviers d’action pouvant contribuer à la régulation finalisée des activités élémentaires et de faite à l'amélioration de la performance socio-économique des opérations de construction par la maîtrise des Déficits Systémiques Cindynogènes, pour les praticiens des opérations de construction, les chercheurs en sciences de gestion, les membres de l'institution prévention.