C H A P I T R E T R O I S. DYNAMIQUE DE L'ENDETTEMENT EXTERNE ET CROISSANCE DANS UN MODELE DE CROISSSANCE ENDOGENE

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Conclusion générale

L’endettement, dans un grand nombre de PVD , peut être assimilé au surendettement, sinon, à l’insolvabilité. La crise qui en a résulté durant les années 70 et 80 n’a pu être surmonté qu’au prix de rééchelonnements conditionnés, de reconversions coûteus, etc, contraignant, manifestement, la croissance de ces pays et montrant, à contrario, l’importance , pour les PVD, de l’optimalité des politiques nationales d’ajustement. Dans cette conclusion, nous résumons notre démarche et les principaux résultats obtenus compte-tenu de ce contexte.

Nous avons, dans une première étape, donné à la contrainte externe une forme statique en assimilant celle-ci à une contrainte, à chaque date, sur le solde commercial. Elle avait donc la forme d’un rationnement de crédits que subit le pays emprunteur lorsque l’offre des capitaux externes est limité. Dans une seconde étape, nous avons formalisé celle-ci comme contrainte sur la vitesse d’expansion de la dette externe face à une offre de capitaux externes illimitée.

Pour examiner l’évolution de l’économie face à une offre de capitaux limitée, nous avons proposé une généralisation des modèles two-gaps incorporant une fonction de préférence du Plan qui arbitrait entre la pleine utilisation des capacités de production et l’équilibre macro-économique. Cette approche, privilégiée par les économistes structuralistes, nous a permis de déterminer la répartition temporelle des régimes de contrainte externe en Algérie et de quantifier l’intensité de cette dernière.

Si cette approche éclaire l’évolution des économies contraintes par les liquidités internationales, elle perd, toutefois, de sa pertinence en présence d’une offre de crédits externes illimitée. Or, c’est cette dernière situation qui nous semble avoir prévalu durant la décennie 70 où les PVD ont emprunté sur un marché externe très favorable dans une perspective plus ou moins myope et, ce faisant, fait le lit de ce qui s’est avéré être une profonde situation de surendettement.

Nous avons, alors, replacé l’analyse dans une perspective intertemporelle en identifiant la contrainte externe à une contrainte de solvabilité. Ceci nous a permis, dans une analyse, certes, d’équilibre partiel, de déterminer l’évolution optimale de la dette d’une économie solvable. Par cela, nous avons été à même de proposer une évaluation de la ‘distance’ entre cette dynamique optimale d’endettement et l’évolution effective de la dette de l’économie algérienne, en somme, l’écart de cette économie par rapport à sa dynamique d’équilibre.

L’étape suivante de ce travail a consisté à réaliser une synthèse entre ces deux approches en supposant que l’offre de capitaux est illimitée mais que le pays emprunteur fait face à des coûts d’ajustement croissant avec le volume d’endettement. En situant l’analyse dans le cadre des nouvelles théories de la croissance, nous avons proposé une généralisation au cas d'une économie ouverte du modèle canonique de croissance endogène de S.Rebello. Ceci nous a permis de mettre en évidence la complexité de la dynamique de la dette, notamment dans sa relation avec l’accumulation du capital.

Il nous semble utile d’indiquer, dans cette conclusion, que ce modèle peut, aux fins d’une validation empirique, être considéré comme un modèle d’E.E.G calculable inter temporel. Cette classe de modèle d’E.E.G calculable est maintenant bien connu depuis L,Goulder-L,Summers et D.S, Go 1 et nous disposons, pour leur résolution, des algorithmes de J.P, Laffargue et de M,Juillard 2 . Cependant, et si le problème d’évaluation du stock de capital peut être assez correctement résolu en ayant recours à une extrapolation à l’économie algérienne de paramètres estimés pour les pays développés 3 , il subsiste, néanmoins, un problème de données statistiques relatives à la répartition de ce capital entre les deux secteurs productifs.

Ce travail peut également être prolongé par l’analyse des sources alternatives de financement du déficit de l’épargne interne dont l’investissement direct étranger (IDE). En effet, et hormis quelques pays dont la Corée du Sud et, à un degré moindre l’Indonésie, peu d’économies en transition ont pu soutenir une croissance durable par le recours à l’endettement externe. Dès lors, l’IDE est considéré par ces pays comme une alternative, à moindre coût, à l’endettement externe. Plusieurs facteurs révèlent cette ‘nouvelle( ?)’ orientation des politiques de développement des PVD :

Bien entendu, cette mise en parallèle ne serait pertinente que si l’on ne réduisait pas l’IDE à un simple mouvement de capital physique. Au delà de son effet direct et indirect (par appel ou évincement de l’investissement local) sur l’accumulation du capital physique, l’IDE , et ce serait sa spécificité par rapport au financement par endettement externe, devrait constituer un vecteur de transfert de technologie, permettre l’acquisition des techniques d’organisation des entreprises et induire, en somme, tout un ensemble d’effets de report ayant une incidence favorable sur l’accumulation du capital humain.

Notes
1.

Voir Goulder,L et L,Summers (1989) et D.S,Go (1994)

2.

J.P, Laffargue (1988) et M,Juillard (1996)

3.

Voir D, Cohen (1992) ou J.Benhabib et M.Spiegel (1994).