2- Les Boutières

Immédiatement au sud du Haut-Vivarais, les Boutières sont limitées au sud et à l’ouest par la Montagne, au nord par la vallée de l’Eyrieux et à l’est par le Coiron. Entre Haut et Bas-Vivarais, cette région est sans doute la plus représentative de la géographie régionale, tant par ses sols, à dominante granitique recouverts ponctuellement d’épanchements volcaniques, que par son relief et son climat.

Etagé entre 300 mètres environ à l’est, dans la région de Pranles, et 1100 mètres à l’ouest, au contact de la Montagne et du mont Mézenc, le relief des Boutières est particulièrement accidenté. Succession de serres abruptes et déchiquetées, seuls quelques espaces subhorizontaux arrivent à se développer dans les Basses-Boutières et la région de Pranles, ou encore sur le rebord sud de la vallée de l’Eyrieux, de Gluiras à Jaunac. Les sommets des serres présentent parfois des espaces plans assez vastes, mais l’altitude en fait alors le domaine des landes de bruyères et de genêts, ou de maigres pâturages.

Le réseau hydrographique boutiérois est avant tout constitué par la vallée de l’Eyrieux qui borde la région au nord et par ses affluents de rive sud, complétés par le Mézayon et le Talaron, affluents de l’Ouvèze au sud des Boutières. Seules ces vallées, qui entrecoupent et isolent les crêtes acérées, constituent des axes de pénétration possibles, si toutefois elles ne prennent pas la forme de gorges étroites et peu praticables. En outre, très anastomosé, le réseau hydrographique se caractérise par une multitude de petits cours d’eau, le plus souvent à sec. Néanmoins, nous sommes aux portes du climat méditerranéen, et les précipitations orageuses peuvent brutalement métamorphoser un anodin filet d’eau en torrent emportant ponts, gués et terrains avoisinants. Ceci rend la circulation au fond de leurs gorges assez problématique et parfois périlleuse : une rivière comme l’Eyrieux peut passer en quelques heures d’un débit inférieur à 1 m3/s à plus de 3000 m3/s !

Si les précipitations orageuses sont à redouter dans les fonds de vallée, la neige ne domine pas en Boutières, même aux mois les plus rudes de l’hiver. Le manteau neigeux n’y est abondant et durable qu’à l’ouest, à proximité de la Montagne, aux environs des vallées de l’Eysse, de la Saliouses, de l’Azette et de la Rimande, descendant du mont Mézenc. Là, les circulations peuvent être perturbées plusieurs jours durant, mais la situation n’y est toutefois pas comparable à celle du Plateau.

Les Boutières constituent donc une région globalement difficile, tant au niveau orographique que climatique, qui se prête peu aux circulations, bien que ce ne soit pas pour autant un pays fermé. Elles ont pourtant longtemps été perçues, à tort, comme une région très ouverte au transport, l’étymologie de Boutières ayant même été liée à boteria, outre à vin. Néanmoins, les caravanes traversant la région ne nous semblent pas très nombreuses, et assez peu chargées de vin qui transite plus au nord par la vallée du Doux, ou plus au sud par Aubenas. Boteracium, signifiant contrefort, nous semble plus adapté à la géographie boutiéroise ( 13 ).

Notes
13.

) Niermeyer (J.-F.) : Mediae latinitatis lexicon minus, op. cit., p. 102.