4- Les Cévennes

Les Cévennes vivaroises sont limitées au nord par la Montagne, à l’est par le Bas-Vivarais calcaire, au sud et à l’ouest par les Cévennes gardoises et lozériennes. Même si, de par leur position, elles s’apparentent à leurs voisines méridionales, elles présentent d’indéniables caractères propres. Le schiste ne domine pas autant qu’au sud. Les terrains granitiques et volcaniques sont très présents, de même que les grès et les calcaires marneux, chaque type de substrat induisant un relief différent. Globalement, le relief des Cévennes est le plus marqué et le plus accidenté du Vivarais, seules les Boutières pouvant soutenir la comparaison. Etagé de 300 à 1540 mètres, au point culminant du massif du Tanargue, le relief cévenol s’apparente à un très abrupt amphithéâtre dominant le Bas-Vivarais et l’Uzège.

L’étage inférieur est constitué de terres gréseuses et marno-calcaires, s’étendant au pied est des Cévennes, du Col de l’Escrinet au nord jusqu’aux Vans au sud. L’altitude varie autour de 300 à 600 mètres, avec un relief ondulé, parfois assez accentué, mais les versants ne présentent toutefois jamais le caractère subvertical des régions schisteuses.

L’étage intermédiaire, constitué des terrains granitiques, volcaniques et schisteux, offre tout au contraire l’image d’un pays où la verticale domine. C’est une région aux serres aiguisées se succédant sans répit entre des vallées profondes de plusieurs centaines de mètres. A titre d’exemple, le village de Valgorge, situé au fond de la haute vallée de la Baume, est encadré par des serres le dominant de près de 1000 mètres au nord et de plus de 500 au sud. De même, en 3,5 kilomètres au niveau de Largentière, le Tanargue perd près de 800 mètres d’altitude. Une nette différence oppose toutefois les régions du sud du Tanargue, avant tout schisteuses à celles du nord, au substrat granitique et volcanique. En effet, au sud, les profondes vallées ne sont que des coups de sabres au fond desquelles l’horizontale demeure rare. Au nord du Tanargue, en terrain granitique, les fonds de vallées sont au contraire plus cléments et offrent des espaces plans pouvant atteindre un kilomètre de large, comme à Montpezat ou dans la région de Thueyts. De plus, un certain nombre de reliefs volcaniques présentent des versants moins abrupts que les vieux reliefs hercyniens totalement décharnés et érodés.

L’étage cévenol supérieur offre encore des caractères totalement différents qui confinent le plus souvent à ceux de la Montagne proprement dite ( 14 ). Le substrat est soit granitique, formant des plateaux mamelonnés, soit schisteux, dessinant alors des échines plus ou moins larges dominant les serres. A une altitude voisine de 1000 mètres, c’est le domaine des « chams », (Chamlonge, Cham du Cros, Cham du Jou par exemple), vastes espaces incultes couverts de prairies subalpines et de maigres landes à genêt ou à bruyère.

Si le relief cévenol est globalement dur, il en est de même du réseau hydrographique qui a profondément façonné ce pays de forte érosion. Quelques rivières principales le structurent, alimentées par une multitude de petits cours d’eau torrentueux qui donnent au réseau hydrographique un caractère montagnard marqué. Le régime des rivières cévenoles impose la prudence et ne facilite pas les établissements humains dans les étroits fonds de vallées où elles courent. Ainsi, si des rivières comme la Baume ou le Chassezac sont le plus souvent presque à sec, leur flux peut dépasser 3000 m3/s. L’Ardèche en crue culmine régulièrement à 5000 m3/s. En 1890, elle a même roulé des flots estimés à plus de 7500 m3/s, soit plus que le Rhône à son embouchure à l’étiage. Plus encore que le débit atteint, c’est la vitesse des crues qu’il faut prendre en compte ; c’est elle occasionne les dégâts considérables enregistrés après chaque montée des eaux. La plus importante de toutes celles que l’on a enregistrées, survenue en 1890, a emporté vingt-deux ponts sur le seul cours de l’Ardèche. A la lecture de ces quelques chiffres et sachant que des crues importantes surviennent en moyenne tout les cinq ou dix ans, il est aisé de comprendre que l’établissement de ponts, de gués, d’installations hydrauliques comme des moulins, ou des tanneries, souvent en bordure de rivières, n’est pas facilité, et plus qu’ailleurs, constitue, en Cévennes, un labeur toujours à recommencer.

Le talus cévenol participe pleinement du climat méditerranéen, parfois seulement plus frais du fait de l’altitude. Ce sont d’ailleurs les orages méditerranéens d’automne qui provoquent les crues les plus importantes. Hormis cela, le climat ne s’oppose donc pas aux circulations, sauf en hautes Cévennes où les influences méditerranéennes sont très atténuées et où la neige fait son apparition. En effet, au-delà de 1000 mètres, il n’est pas rare que cette dernière s’installe durablement entre décembre et mars, les circulations pouvant alors être interrompues durant plusieurs jours. A titre indicatif, en janvier 1978, dans la région de Loubaresse et de Borne, il est tombé 1,75 mètre de neige en trois jours. Cela constitue certes une année exceptionnelle, mais révélatrice des désordres que le climat peut entraîner.

Notes
14.

) Sur l’étage supérieur des Cévennes vivaroises et plus spécifiquement sur le massif du Tanargue, cf. Michau (D.), Le Besnerais (V.) et Lèbre (F.) : Massif du Tanargue, regard écologique sur le sud de la montagne ardéchoise, op. cit.