6- La Montagne

Bordant le Vivarais à l’ouest, la Montagne, ou Plateau, est essentiellement constituée du bassin supérieur de la Loire, en amont d’Arlempdes, avec une extension au nord, sur les hauts bassins du Lignon et de l’Eyrieux.

Le Plateau vivarois, aux confins avec le Velay, est une planèze granitique couverte par endroits de vastes tables d’épanchement basaltique. Le réseau hydrographique, peu encaissé, n’a pas tracé de vallées profondes, mais sur ce relief, globalement tabulaire et présentant seulement de grandes ondulations, des pointements éruptifs plus récents avivent le paysage par endroits. Ces reliefs jeunes, dominant les anciens plateaux, culminent à 1754 mètres au mont Mézenc et à 1551 mètres au mont Gerbier de Jonc.

Plus que le relief, c’est le climat qui caractérise la Montagne vivaroise ( 16 ). Particulièrement rude, il ne présente plus aucun signe de la douceur méditerranéenne qui baigne le Bas-Vivarais et les Cévennes, pourtant distants de quelques dizaines de kilomètres seulement. La saison dominante est l’hiver, qui peut durer six mois. Les moyennes annuelles des températures ne dépassent pas 4° à 7° selon les secteurs, des extrêmes avoisinant -30° n’étant pas rares les mauvaises années. La dureté de l’hiver se manifeste aussi par le nombre de jours sans aucun dégel : de 50 à 70 selon les hivers. A Sainte-Eulalie, au coeur du plateau, il gèle jusqu’à 182 jours par an !

Outre ces rudes gelées, le climat est marqué par l’importance des chutes de neige : en moyenne 5 mètres par hiver au sommet du mont Mézenc, certes inhabité, mais encore entre 2 mètres et 2,70 mètres sur les régions habitées, le manteau épais pouvant rester au sol plusieurs semaines. Si ces importantes chutes de neige sont avant tout concentrées entre la mi-décembre et la mi-mars, un enneigement sporadique de quelques jours est à redouter toute l’année, seule la période allant de la mi-juillet à la mi-août étant généralement épargnée.

Le troisième élément climatique dominant, qui se lie au gel et à la neige pour compléter la dureté du climat de la Montagne vivaroise, est le vent. Il souffle, du nord ou du sud, environ 330 à 340 jours par an. En hiver, dépassant parfois 100 km/h, il se transforme en véritable blizzard, la « burle », qui soulève la neige déposée au sol et forme des congères pouvant atteindre, voire dépasser, 7 à 8 mètres.

Si le relief globalement tabulaire ne présente aucun obstacle aux circulations, c’est avec le climat qu’il faut compter. C’est lui qui impose ses conditions. Lorsque la burle se lève sur un manteau neigeux déjà épais et qu’il gèle à -20°, il arrive encore que des personnes s’étant aventurées hors de chez elles soient retrouvées mortes de froid, égarées à quelques mètres de leur habitation. La viabilité des routes reliant vallée du Rhône et Massif Central, qui toutes traversent la Montagne, ne peut qu’en être affectée. Rendues difficiles de novembre à avril, elles sont souvent interrompues de la mi-décembre à la mi-mars lorsque le Pplateau est totalement pris par le gel.

Notes
16.

) Sur le climat de la région du mont Mézenc, coeur du plateau vivaro-vellave, cf. Defive (E.) et Vidal (H.) : « Temps et climat du Mézenc », art. cité.