7- Le rivage rhodanien

Le rivage rhodanien constitue une étroite bande alluviale de 140 kilomètres de développement du nord au sud, pour une largeur de quelques centaines de mètres en moyenne. La véritable plaine rhodanienne s’étend en rive gauche du fleuve. En effet, un coteau abrupt borde le Rhône de près. Il parvient parfois même à plonger presque directement dans l’eau comme à Serrières ou à Tournon, constituant ainsi des défilés étroits. A l’inverse, les confluents du Rhône et des rivières descendant de l’intérieur du Vivarais forment le plus souvent de petits deltas alluviaux pouvant atteindre deux ou trois kilomètres de largeur. Même aux points les plus étroits, le rivage rhodanien n’oppose jamais d’obstacle topographique aux circulations. L’homme a dû toutefois en permanence tenir compte de deux facteurs. D’une part, certains affluents du Rhône peuvent nécessiter des aménagements particuliers, ponts ou bacs, et proches de leur confluent avec le fleuve, ils présentent un débit de crue important posant des problèmes certains. D’autre part, le fleuve est souvent violent, parfois même dévastateur, et toujours imprévisible dans son tracé. En effet, il divague assez largement au gré des crues, laissant derrière lui des îles nouvelles, mais emportant aussi des terres et certains tronçons de route, comme nous avons pu le constater à Saint-Montan, Saint-Just ou Soyons.

A l’issue de ce tour d’horizon rapide des régions composant le Vivarais, les contrastes sont flagrants, qu’il s’agisse d’opposer le Bas-Vivarais calcaire totalement méditerranéen et la Montagne dépassant 1000 mètres d’altitude moyenne, avec son rude climat hivernal, ou encore le Haut-Vivarais verdoyant, doucement vallonné, et les Cévennes, arides et décharnées par l’érosion. Le Vivarais est donc indéniablement, avant tout, un carrefour d’influences géographiques entre Massif Central, région lyonnaise, sillon rhodanien et Bas-Languedoc. De ce point de vue, la région peut se définir comme une zone frontière unissant tous ces ensembles si dissemblables, et principalement les plaines languedociennes et rhodaniennes au Massif Central. L’ensemble du relief vivarois forme un vaste amphithéâtre de 40 à 80 kilomètres de largeur, étagé entre Rhône et Massif Central. En effet, l’altitude moyenne du sillon rhodanien, bordant le Vivarais à l’est, est de 100 à 150 mètres, alors que le Plateau qui le limite à l’ouest, culmine à 1300 mètres. Sur le pourtour sud-est du Massif Central, cette situation n’est cependant pas limitée au Vivarais. La Montagne Noire au sud, les Grands Causses, les Cévennes gardoises et lozériennes constituent aussi une frontière entre plaines et montagnes ( 17 ). Néanmoins, toutes ces régions sont intégrées à des ensembles politiques et administratifs qui leurs sont extérieurs, et ne présentent donc pas véritablement d’unité, ce qui n’est pas le cas du Vivarais.

Notes
17.

) Pour une vision plus générale des échanges se développant à la périphérie sud-est du Massif Central, cf. Brechon (F.) : Espace et relations dans les Cévennes. Première approche des structures d’échange (milieu XIII è siècle, milieu XV è siècle), op. cit.