E- Les archives notariales

Le notariat se développe en Vivarais, arrière-pays méditerranéen, à compter des dernières années du XIIè siècle ( 127 ). Pourtant, si nous disposons de nombreux actes dus à la plume de ces premiers notaires, aucun registre ne nous est parvenu avant la seconde moitié du XIIIè siècle ( 128 ). Le premier registre conservé émane de maître Raynaudi, notaire de Bourg-Saint-Andéol, et débute en 1275. Un second fragment, daté de 1278, provient lui aussi de Bourg-Saint-Andéol ( 129 ). Le premier registre pratiquement complet qui suit ces deux fragments limités est celui de maître Barthélemy, notaire à Viviers, couvrant la période 1319-1325 ( 130 ). Le premier registre concernant le coeur même du Vivarais est celui de maître de Monasterio, notaire à Aubenas dans les années 1320-1340 ( 131 ). Si les registres se font plus nombreux à compter de la première moitié du XIVè siècle, il faut attendre les années 1350-1360 pour qu’apparaissent des fonds ponctuellement conséquents, la véritable « explosion » numérique de la source notariale demeurant le fait du XVè siècle.

Si le nombre de registres est significatif, plus de 750 références, ceux du XIVè siècle ne sont bien souvent que des épaves, et même à compter du XVè siècle, seules les villes de Viviers et d’Aubenas ont conservé de véritables séries ( 132 ). On constate en outre un très net déséquilibre dans la répartition géographique des registres, le sud du Vivarais étant très bien pourvu, alors que le nord est pratiquement une terre vierge. Les archives notariales, bien que nettement moins nombreuses en Vivarais qu’en Provence ou en Comtat, n’en sont pas moins l’une des sources principales de notre étude. Il faut néanmoins garder à l’esprit que ces dernières sont souvent fragmentaires et ne permettent pas une exploitation statistique.

A l’issue de ce tour d’horizon documentaire, il est difficile de soutenir que le Vivarais médiéval n’est pas documenté. Certes, la période Xè-milieu XIIè siècle n’est pas des mieux éclairée, comparativement à d’autres régions, mais certains secteurs sont quand même particulièrement bien documentés, essentiellement grâce aux cartulaires de Saint-Chaffre et de Bonnefoy. Le XIIIè siècle, avec les chartriers seigneuriaux, connaît un essor documentaire considérable à l’issue duquel aucune région ne reste totalement dans l’ombre, le mouvement se poursuivant sans discontinuer sur les deux derniers siècles du Moyen Age. L’association de toutes les sources disponibles, sans nous limiter à une catégorie précise, permet donc d’envisager sereinement un travail sur le Moyen Age vivarois.

Des faiblesses sont toutefois à remarquer, avec lesquelles nous devrons composer. Tout d’abord, la dispersion géographique des sources n’est pas un facteur facilitant une approche exhaustive. Ensuite, bien que relativement abondante, elle ne présente pas moins d’importantes lacunes d’un point de vue géographique. Ainsi, alors que le Piedmont annonéen, le Plateau ou le secteur d’Aubenas sont particulièrement bien documentés, le Rhône moyen, dans la région de Cruas, ou les Cévennes largentiéroises et les Boutières souffrent d’un manque de fonds d’archives certain.

Notes
127.

) Brechon (F.) : « Autour du notariat et des nouvelles pratiques de l’écrit dans les régions méridionales aux XIIè et XIIIè siècles », art. cité.

128.

) Les archives notariales vivaroises sont recensées dans Béghin (C.) et Brechon (F.) : Les archives notariales de la sénéchaussée de Beaucaire, répertoire numérique des registres antérieurs à 1500, op. cit.

129.

) AN, 3AP 260.

130.

) AD 07, 2E 7627.

131.

) AD 07, 2E 38.

132.

) Cf pour Aubenas Béghin (C.) et Brechon (F.) : Les archives notariales de la sénéchaussée de Beaucaire, répertoire numérique des registres antérieurs à 1500, op. cit., p. 93-95 et pour Viviers p. 103-105.