f- La route de Saint-Ambroix à Villefort et celle des Vans à Villefort

Clairement identifiée en 1270 comme l’itinere Cizarencha ( 324 ), ou en 1363 comme l’itinere Sezarenche ( 325 ), la route suit la vallée de la Cèze. Quittant Saint-Ambroix, elle se dirige d’abord vers Montalet, puis vers Bessèges, qui n’est alors qu’un simple manse, avant de traverser la rivière pour continuer en rive gauche par Bordezac et Malbosc, où elle quitte l’Uzège pour le Vivarais pendant quelques kilomètres. Après Malbosc, elle passe à Aujac puis à Brésis, avant de rejoindre le chemin de Régordane non loin de Saint-André-de-Capcèze ( 326 ).

Mal renseigné au Moyen Age, il est difficile de percevoir l’importance de cet axe. Néanmoins, remarquons que c’est l’un des rares à posséder un nom propre, la route de la Cézarenche. C’est la preuve qu’il constitue bien une entité viaire spécifique et qu’il n’est alors nullement perçu comme une succession de chemins locaux. Les péages témoignent même de l’importance commerciale des circulations empruntant cet axe. Ainsi, il s’en lève un à Saint-Ambroix ( 327 ), puis à Malbosc ( 328 ), à Brésis ( 329 ) et enfin à Villefort ( 330 ). Seuls les châteaux de Montalet et d’Aujac ne semblent pas en percevoir, mais remarquons que ce dernier est entre les mêmes mains que celui de Brésis, ce qui explique peut-être cette situation. Retenons en outre qu’en 1668, la population de la région conserve le souvenir d’une route importante ne demandant que quelques travaux et aménagements pour pouvoir à nouveau servir d’axe de communication principal entre Auvergne et Languedoc. Ainsi, elle est donc proposée à Louis de Froidour, réformateur général de la Table de Marbre des Eaux et Forêts, comme une alternative au chemin de Régordane ( 331 ).

A cette route de Saint-Ambroix à Villefort, il faut adjoindre celle des Vans à Villefort, attestée à de nombreuses reprises à compter de 1288 ( 332 ). Le qualificatif de strata publica qui lui est alors donné et le fait qu’elle soit systématiquement dite « route de Villefort aux Vans », ignorant les quelques localités intermédiaires, signe son importance. Ce n’est pas un chemin local, mais bien l’un des principaux débouchés du Gévaudan en direction de la vallée du Rhône. En effet, par-delà Villefort, la route se poursuit jusqu’à Mende en suivant la vallée de l’Altier puis celle du Lot ( 333 ).

En l’état de la documentation, il est impossible de savoir laquelle des deux routes, celle de Saint-Ambroix à Villefort, ou celle des Vans à Villefort, est la plus importante, si tant est que l’une surclasse l’autre. Aussi, avons-nous pris le parti de les présenter conjointement, et de les considérer toutes deux comme des axes importants à l’échelle interrégionale.

Le Vivarais est donc traversé par six ou sept routes de première importance, sans pour autant qu’elles constituent des axes dits majeurs. Jouant un rôle certain dans les relations entre Velay, Gévaudan et région rhodanienne, leur caractère interrégional est affirmé, mais elles n’occupent toutefois pas une place significative à l’échelle du sud du royaume, à la différence des routes majeures. C’est sur ce plan-là que l’on distingue les routes de première catégorie des routes de seconde.

Notes
324.

) Pellet (J.) : « De la Cizarencha à la Cézarenque », Lien des chercheurs cévenols, 1991.

325.

) AD 07, 2E 96/43, acte 60.

326.

) Cf. t. II, p. 520-525.

327.

) AD 30, A 1, f°266.

328.

) AD 48, E 248.

329.

) Rouanet (J.) : « Un exemple de forteresse rurale en Cévennes : le château de Brésis », Les cahiers du Cheylard, 1998, p. 5.

330.

) AD 48, G 120. Analyse publiée dans Régné (J.) : Histoire du Vivarais, op. cit., t. 3, p. 112-113.

331.

) Cf. Girault (M.) : La visitation du chemin appelé Régordane effectuée par Louis de Froidour en 1668, op. cit., vol. 1, p. 199 et ss. 

332.

) AD 30, 1J 591.

333.

) Costecalde (L.) : « Etudes sur la baronnie du Tournel », art. cité.