a- Les routes convergeant vers Annonay et continuant vers le Velay par la vallée de la Cance

Nous avons déjà expliqué que le plateau d’Annonay était traversé par une route majeure se ramifiant à l’approche du Rhône, la route de Vienne au Puy, section d’une grande transversale unissant le Sud-Ouest à l’Est de la France. Ce n’est toutefois pas le seul axe passant par le plateau d’Annonay.

On peut en identifier plusieurs convergeant vers cette ville en plus des routes d’Andance et de Serrières déjà présentées. Depuis l’est, une route quitte la vallée du Rhône à Champagne, puis gagne directement Annonay par un tracé très rectiligne au travers du Piémont ( 334 ). Le second axe important se sépare de la route du sillon rhodanien à Tournon, puis, par Etables, Saint-Romain-d’Ay et Quintenas, arrive à Annonay ( 335 ).

La route de Champagne à Annonay, si elle n’a pas l’importance de celles de Serrières et d’Andance, n’en est pas moins utilisée occasionnellement, selon l’enquête delphinale de 1514, par les marchands dauphinois se rendant en Velay pour y commercer les peaux et les bovins ( 336 ). Il est vrai que la vallée de la Valloire ouvre en rive gauche du Rhône, face à Andance et Champagne, un débouché profond permettant de gagner le Bas-Grésivaudan, puis Grenoble ( 337 ) qui est au Moyen Age le carrefour routier majeur des Alpes du nord ( 338 ).

La route venant de Tournon est sans doute encore plus importante que celle de Champagne et nombreux sont les foréziens à l’emprunter au XIVè siècle pour gagner la vallée du Rhône et le Valentinois ( 339 ). Le qualificatif de publicum et regale qui est associé à la route en 1446 témoigne d’ailleurs directement de son importance ( 340 ).

A partir d’Annonay, le voyageur peut rejoindre la route de première catégorie déjà présentée le conduisant en direction du Puy par Bourg-Argental et la vallée de la Deûme. Il peut également emprunter la vallée de la Cance, passant par Vocance et Villevocance, avant de déboucher sur le plateau vellave à Saint-Bonnet-le-Froid. La route de la vallée de la Cance rejoint alors celle venue de Tournon par Saint-Félicien et Lalouvesc, se dirigeant vers Le Puy par Saint-Hostien ( 341 ). Cette route est aussi qualifiée d’iter regium dès le XVè siècle ( 342 ). Ceci interdit donc d’en faire un axe d’importance relative. En outre, la donation du péage de Saint-Bonnet-le-Froid, dépendant du château de Beaudiner, à l’OEuvre du Saint-Esprit en 1281 suggère des relations suivies entre les confins vivaro-vellaves et le sillon rhodanien ( 343 ).

A partir d’Annonay, une dernière possibilité s’offre au voyageur pour gagner le Velay. Il peut continuer par Saint-Agrève en passant par Satillieu, puis Pailharès ( 344 ). Dans cette direction, la documentation manque pour permettre de cerner l’importance de la route. On peut cependant noter qu’elle entre dans le castrum de Saint-Agrève par la Porte de Vienne, ce qui situe l’horizon sur lequel elle ouvre : la vallée du Rhône, et non simplement quelques villages voisins ( 345 ). Il est donc permis de penser qu’elle a une importance relative, sans prétendre en préciser le niveau exact.

Notes
334.

) Cf. t. II, p. 34-36.

335.

) Cf. t. II, p. 40-45.

336.

) AM Romans, CC 472, f°345.

337.

) Rossiaud (J.) : Réalité et imaginaire d’un fleuve..., op. cit., t. I, vol. 2, p. 358.

338.

) Sclafert (M.-Th.) : Le Haut-Dauphiné au Moyen Age, op. cit., p. 729.

339.

) Fournial (E.) : Les villes et l’économie d’échange et Forez aux XIII è et XIV è siècles, op. cit., p. 356-357.

340.

) AD 07, 90H 98.

341.

) Cf. t. II, p. 46-49.

342.

) Poncer (J.-A.) : Mémoire historique sur le Vivarais, op. cit., t. I, p. 159.

343.

) Brugier-Roure (L.) : Chronique et cartulaire..., op. cit., n°CXIX.

344.

) Cf. t. II, p. 24-27 et 112-116.

345.

) Sur la topographie urbaine de Saint-Agrève, cf. infra, p. 504.