B- L’organisation du transport

L’organisation du transport fait partie des thèmes qui demeurent obstinément mal documentés, et seuls quels rares textes médiévaux apportent finalement des renseignements sur ces questions. Les sources historiques manquant, il faut se référer aux travaux de l’érudition locale de la fin du XIXè siècle, considérés non comme des études historiques de seconde main, mais comme des témoignages ethnographiques, les derniers muletiers ayant disparu au milieu du XIXè siècle ( 574 ). Bien qu’apportant des renseignements précieux, il n’en demeure pas moins vrai que c’est une approche risquée qui demande la plus grande prudence. D’une part les érudits locaux du XIXè siècle ne sont pas ethnologues et la différence est souvent difficile à établir entre leurs observations directes et les traditions orales souvent peu fondées qu’ils peuvent colporter. D’autre part, il est certain qu’au milieu du XIXè siècle, la période de plein développement du transport à dos de mulet est révolue depuis longtemps, nos auteurs n’en ayant sous les yeux que les derniers feux, peut-être peu représentatif de ce qu’était la profession et ses techniques à la fin du Moyen Age, ou même à l’époque Moderne. Quelques gravures viennent toutefois compléter leurs descriptions et, associées aux objets conservés dans les différents musées de la région, l’ensemble de ces données permet de préciser un certain nombre de points.

Notes
574.

) On citera principalement Mazon (A.) : Les muletiers du Vivarais et du Velay, op. cit., bien que cet ouvrage ne soit pas l’un des meilleurs de l’auteur, il apporte un témoignage ethnographique unique, ce dernier précisant que « le passage de leurs anciennes caravanes dans notre ville natale a été une des distractions de notre enfance » (il est né en 1828 à Largentière et part à 20 ans pour Paris. Ses observations sont donc à placer dans les années 1830-1840 au plus tôt). On retiendra aussi comme témoignage ethnographique précis Filhol (C.) : « Les plaques de brides muletières dans les Cévennes et sur les bord du Rhône », art. cité. Les autres travaux, comme Balmelle (M.) : « Muletiers et plaques muletières du Gévaudan », art. cité ou encore Schnetzler (J.) : « Les muletiers et la montagne », art. cité, plus récents, n’ont pas le même intérêt et ne sont en fait souvent que des travaux de seconde main.

Sur l’exploitation des données historiques de la période Moderne, cf. Brochier (A.) : « Aspects du commerce des muletiers au XVIIIè d’après la comptabilité de l’hôpital général du Puy », art. cité ; Clément (P.A.) : « Charretiers et muletiers dans le rapport Malhole (1752) », art. cité ; Eyraud (P.) et (M.) : « Sur les pas de Philibert Barbasto, muletier des Estables », art. cité ; Rivet (B.) : « Philibert Barbasto, muletier des Estables au XVIè siècle », art. cité.