Partie 3 : Réseau routier et trafic : les fondements d’une structuration cohérente

Comme nous venons de l’expliquer, la structuration d’ensemble du réseau routier vivarois ne fait aucun doute : alors que les axes secondaires ne s’organisent pas dans une direction particulière, les axes principaux présentent une orientation est-ouest marquée. Certes, cette orientation est celle du relief qui se présente avant tout comme une succession de vallées parallèles reliant le Plateau au Rhône. Néanmoins, expliquer la morphologie du réseau routier par ce seul facteur serait faire la part trop belle à un déterminisme géographique simplificateur. Si la géographie vivaroise a pu faciliter les circulations dans ce sens, c’est bien la nécessité de se déplacer qui crée la route et lui confère son importance, et non simplement le relief. Alors que les raisons de voyager sont nombreuses, deux particulièrement doivent retenir notre attention et animent les routes vivaroises : le commerce et le pèlerinage.

Dans les lignes qui suivent, il n’est toutefois pas question de nous livrer à une étude du commerce sous tous ses aspects, ni d’aborder tous les champs de la recherche liée au pèlerinage. Se serait dépasser de loin notre objet d’étude, le réseau routier, et nous n’envisagerons ces thèmes que sous l’angle des circulations, cherchant à dégager les flux commerciaux animant les routes, et sous celui des déplacements de pèlerins.

Néanmoins, faute d’études d’histoire économique récentes et approfondies sur le Vivarais médiéval, il a parfois été assez difficile d’aborder ces questions précises sans avoir besoin, en amont, de nous livrer à des digressions pouvant paraître de prime abord assez marginales, mais pourtant nécessaires afin de préciser le cadre économique dans lequel s’inscrivent les circulations commerciales. Les sources d’une histoire économique vivaroises au Moyen Age sont multiples, des actes notariés aux terriers en passant par les registres de l’estime fiscale générale réalisée en 1464. Plus spécifiquement liés au commerce, les registres de compte de péage ou de leyde sont rares : seuls deux sont conservés pour Baix entre 1447 et 1450, et pour La Voulte, en 1399-1400. Par contre, les tarifs de péage sont plus nombreux, puisqu’une dizaine est conservée, mais leur exploitation soulève un certain nombre de problèmes ( 863 ). Cependant, complétés par les archives notariales, ils permettent de cerner les courants commerciaux traversant la région, même si la précision quantitative manque le plus souvent.

Notes
863.

) Sur ces documents, cf. infra, p. 413-419.