Outre le trafic commercial, qui représente l’essentiel des circulations sur les routes de la région, la proximité, immédiate ou relative, de sanctuaires comme Le Puy, ou encore Saint-Gilles, confère à plusieurs axes vivarois un rôle pérégrinant certain. Néanmoins, le pèlerin chemine humblement, ne concluant aucun contrat et ne payant pas de péage, ce qui le rend très discret à nos yeux, on pourrait même dire presque transparent. La documentation n’en mentionne que très peu et seule une étude des différents sanctuaires et de leur rayonnement peut finalement permettre de déduire que des pèlerins fréquentent telle ou telle route. L’un des premiers centres de pèlerinage de la chrétienté, Notre-Dame du Puy, se trouve aux portes du Vivarais. C’est indiscutablement celui qui concerne le plus les routes vivaroises et c’est vers ce dernier que les pèlerins s’orientent prioritairement. Il a parfois été avancé que d’autres pèlerinages mariaux locaux aient existé au Moyen Age. Il en irait ainsi d’un pèlerinage à Notre-Dame de Thines ( 1499 ). Les arguments plaidant en faveur d’une telle ancienneté ne sont guère probants. Il semble plutôt que l’on soit en présence de simples processions n’ayant pas le caractère d’un vrai pèlerinage. Celles-ci apparaissent en outre tardivement, au XVIIè siècle, la première attestation implicite d’un attrait local particulier figurant dans une visite pastorale de 1675. Jamais encore la documentation n’a livré l’existence d’un quelconque sanctuaire vivarois ayant donné naissance à un véritable pèlerinage au Moyen Age.
Bien que comptant parmi les pèlerinages les plus importants, celui de Notre-Dame du Puy n’a jamais fait l’objet d’une étude de synthèse, et nous devons encore exploiter plusieurs travaux de qualité et d’intérêt variables. Outre les publications d’historiens locaux, que nous ne reprendrons ici qu’avec la plus extrême prudence tant ils sont fantaisistes ( 1500 ), les différentes études successives se sont avant tout attachées aux lieux de pèlerinage même, focalisées sur la cathédrale et ses abords, aux cérémonies et à la liturgie de Notre-Dame du Puy, plus qu’au pèlerinage perçu comme un voyage ( 1501 ). Finalement, seuls deux articles abordent sérieusement la question des origines du pèlerinage et de son développement, sous l’angle historique. Ils relèguent chroniqueurs et traditions au second plan, au profit d’une étude des sources originales, qui amène à des révisions importantes ( 1502 ). Par ailleurs, l’hôtel-dieu, jouxtant la cathédrale, est indissociable du pèlerinage, mais ce dernier n’a, pour l’heure, lui non plus, encore jamais été étudié de manière approfondie et synthétique ( 1503 ).
) Carlat (M.) : « Notre-Dame de Thines en Vivarais ou le pélerinage oublié », art. cité, p. 74-75.
) On retiendra particulièrement parmi eux Boudon-Lashermes (A.) : Le Grand Pardon de Notre-Dame du Puy de 992 à 1921, op. cit. L’auteur, bon connaisseur de la documentation vellave, lui même collectionneur d’archives ayant eu accès à plusieurs fonds aujourd’hui perdus ou disparus, mêle toutefois à son propos historique de nombreuses légendes et traditions relatées par des chroniqueurs modernes qu’une critique historique élémentaire, ou le simple bon sens, permettent d’écarter.
) On citera ici Reinburg (V.) : « Les pélerins de Notre-Dame du Puy », Revue d’Histoire de l’Eglise de France, 1989, p. 297-313.
) Cubizolles (P.), avec la collaboration d’E. Magnou-Nortier : « Les débuts du pèlerinage à Notre-Dame du Puy », Cahiers de la Haute-Loire, 1995, p. 33-74 ; Cubizolles (P.) : « Le jubilé de Notre-Dame du Puy », Cahiers de la Haute-Loire, 1997, p. 43-74.
) Outre différents travaux ponctuels sur la vie de l’hôtel-dieu, portant généralement sur la fin du Moyen Age, le seul travail d’ensemble est un catalogue d’exposition : Dix siècles d’activité hospitalière au Puy-en-Velay. Exposition au musée Crozatier, été 1997, Le Puy, 1997, 191 p. Une bibliographie assez large des différents travaux concernant l’hôtel-dieu y est présentée.