C- Les pèlerins du Puy et les routes régionales

Une fois établie l’importance des foules se rendant chaque année au Puy, il est plus difficile de cerner les chemins par lesquels elles se dirigent vers la ville, la documentation régionale restant avare de renseignements en la matière et ne nous donnant à connaître, mais c’est un constat général ( 1556 ), que quelques pèlerins seulement.

Voie de passage majeure à l’échelle de l’Europe, il est certain que le sillon rhodanien a drainé nombre de pèlerins désireux de rejoindre l’Italie et, sans doute, plus encore, les ports méditerranéens afin de s’embarquer vers les lieux saints d’Orient. C’est ce que rappelle en 1347 le nom de l’hôpital de Soyons, la domus de Paumient ( 1557 ). Néanmoins, il nous semble que le fait pérégrinant majeur en Vivarais n’est pas celui-ci : il est constitué des pèlerins se rendant au Puy. Ceux venant d’un très large Est sont obligés de traverser le Vivarais et on peut penser que tous les axes reliant le sillon rhodanien à la cité ponote peuvent être fréquentés de la sorte : la proximité de la ville impose déjà une certaine concentration des pèlerins y convergeant et leur regroupement sur les routes de la région. Les rares mentions de pèlerins ne permettent toutefois pas, à elles seules, de déterminer quels axes ont été préférés. L’implantation des hôpitaux rattachés à l’hôtel-dieu du Puy, jalonnant les axes de pèlerinage qui conduisent à la cité mariale, à l’image des dépendances de l’hôpital de Roncevaux, du Somport ou de celui d’Aubrac qui bordent la route de Compostelle ( 1558 ), peut nous servir de guide. Il est toutefois difficile d’établir une cartographie exacte des dépendances de l’hôtel-dieu à la fin du Moyen Age. En effet, aucune bulle de confirmation pontificale ne les énumère complètement ( 1559 ), et aucun travail d’inventaire systématique n’a encore vu le jour. C’est donc au gré des milliers de chartes et de registres du chartrier de l’hôtel-dieu qu’il faut chercher les mentions éparses des hôpitaux dépendants ( 1560 ). C’est donc un travail spécifique de plusieurs mois qu’il aurait fallu réaliser, ce que nous n’avons pu envisager. Ainsi, plusieurs hôpitaux vivarois, dont l’existence est attestée par des sources de différentes natures, ne peuvent être rattachés à aucun établissement important de la région.

Notes
1556.

) Péricard-Méa (D.) : Le culte de Saint Jacques : pèlerins de Compostelle et pèlerinages en France à la fin du Moyen Age, op. cit., t. I, p. 260-263.

1557.

) AD 26, 23H 15, liasse 18, n°9.

1558.

) Sur les dépendances de ces hôpitaux et leurs relations avec les routes de pèlerinage, cf. Jugnot (G.) : « Deux fondations augustiennes en faveur des pèlerins : Aubrac et Roncevaux », art. cité, p. 334-338 ; Laborde-Balen (L.) : Le Somport, des romains au tunnel, op. cit., p. 61 à 67.

1559.

) La seule bulle conservée date de 1145. Les domaines de l’hôtel-dieu sont alors très réduits et ne rayonnent pas au-delà de quelques kilomètres autour du Puy [AD 43, hôtel-dieu, 1A 1]. Une bulle similaire, concédée une centaine d’années après aurait, par contre, permis de préciser en détail les dépendances de l’hôpital.

1560.

) Nous ne mentionnons ici la première implantation, extérieure au Vivarais, que pour l’exemple caractéristique qu’elle constitue. Il s’agit du domaine du Sauvage, sur la paroisse de Chanaleilles, en Gévaudan. Initialement simple domaine agricole et pastoral, se trouvant proche de la Via podiensis, la route du Puy à Saint-Jacques décrite dans le Guide du pèlerin de Saint-Jacques, un hôpital et une chapelle dédiée à Saint-Jacques y sont implantés dès la première moitié du XIIIè siècle [Dix siècles d’activités hospitalière au Puy-en-Velay, op. cit., p. 130 ; Merle (M-Ch.) : « Sur la route de Compostelle : l’hospitalet de la Margeride (1216-1712) », art. cité].

De même, au nord du Vivarais, sur les confins du Velay et du Forez, proche de Montfaucon, l’hôtel-dieu entretient aussi un hôpital à Monsitrol, ville située sur la route de Lyon au Puy par la vallée du Giers puis par celle de la Loire, où passent sans doute nombre de pèlerins venus de l’est de l’Europe, comme le rappelle le Guide du Pèlerin de Saint-Jacques [AD 43, hôtel-dieu,1G 9].