Partie 4 : Autour de la route médiévale en Vivarais

Après avoir analysé la structuration d’ensemble du réseau routier vivarois à la fin du Moyen Age et les facteurs déterminants sa polarisation selon un axe est-ouest, il est possible d’aborder successivement différentes questions qui éclairent chacune un aspect de l’histoire routière.

Tout d’abord, il nous est paru indispensable d’aborder l’onomastique et la toponymie routières, allant de l’étude des appellatifs employés pour désigner la route à celle des toponymes liés à son passage. Ramener dans le champ historique des problèmes sémantiques, lexicologiques et toponymiques, relevant de prime abord de la linguistique et de la philologie, est très profitable. Outre le fait que la langue constitue le filtre par lequel passe notre connaissance, ses évolutions sont le reflet de la perception que les hommes avaient du réseau viaire de leur temps.

Ensuite, bien que travaillant prioritairement sur les XIIIè-XVè siècles, il est indispensable de nous interroger sur les relations qu’entretient le réseau routier tardimédiéval avec le système viaire antique et du haut Moyen Age, afin de déterminer dans quelle mesure il est tributaire d’une organisation antérieure, ou s’il s’est développé selon ses propres critères. En effet, la route, plus encore que bien d’autres éléments de peuplement, s’inscrit dans un temps long. Elle est donc difficile à cerner à l’échelle de quelques siècles mais doit être envisagée comme une structure pérenne et lente à évoluer au cours des âges, ce qui nous amènera à outrepasser largement les limites chronologiques que nous nous étions assignées.

Tout au long du Moyen Age, la route ne reste pas insensible aux mutations que connaissent les pouvoirs politiques et administratifs, mais en connaît au contraire les contrecoups et les répercussions. Loin de n’être qu’une question formelle et de nature juridique, la route a été un enjeu certain, un objet de luttes, d’oppositions, et nous devrons donc nous interroger sur les répercussions des évolutions du pouvoir sur cette dernière. Elles conditionnent en effet la vie de la route au quotidien, principalement par la multiplication frénétique des péages que nous avons pu constater.