Les qualificatifs matériels

Ce deuxième groupe rassemble les qualificatifs précisant la nature de la route, sa qualité ou ses défauts. Dans tous les cas, seuls quelques rares axes prennent un tel qualificatif ; ils représentent 2,75 % du total des routes retenues, sans qu’aucune période ne se dégage par une fréquence particulière des qualificatifs apportés aux routes, de même qu’aucun type de route ne semble privilégié de ce point de vue.

Le premier type de qualificatif rencontré est lié à l’importance de la route, qu’il s’agisse de magnum iter ( 1613 ), ou encore, en français, de grand chemin ( 1614 ), désignant les routes principales. Signalons ici la rareté d’un qualificatif pourtant fréquent dans le reste du Languedoc ( 1615 ), mais qui n’apparaît qu’une seule fois dans les sources médiévales vivaroises. Il s’agit du qualificatif ferrat désignant un chemin empierré, de bonne qualité. Une seule route est qualifiée d’iter ferratum, non loin de Loubaresse en 1333 ( 1616 ). Le cadastre nous livre toutefois quelques mentions pour la période contemporaine, attestant de l’existence de ce terme dans le langage quotidien, sans qu’il ne franchisse la barrière de l’écrit et le filtre du latin. Pour être complet, remarquons que le qualificatif lata, large, qui pourrait être à l’origine des toponymes « Vialette » par contraction de via lata ne se rencontre strictement jamais, ce qui nous fait douter de l’étymologie proposée pour ces toponymes ( 1617 ).

A l’inverse de la magna via ou de l’iter ferratum, désignant les axes principaux, les routes secondaires ne sont qualifiées par aucun terme péjoratif. Seuls les plus mauvais passages débouchent sur la création d’un toponyme spécifique, comme Malpas. Notons toutefois un exemple unique, rencontré dans le massif du Pilat, où deux routes sont dites iter heremum et viam heremam en 1401 ( 1618 ). Le cas est ici extrême d’une route probablement abandonnée par tout trafic, qui se referme peu à peu avant de totalement disparaître.

Outre l’importance du chemin ou le caractère éventuellement remarquable de son aménagement, sa position topographique peut déboucher sur un qualificatif, mais c’est une catégorie qui demeure rare. Citons par exemple la stratam superiorem mentionnée en 1001 à Saint-Pierre-de-Boeuf, qui domine la vallée du Rhône ( 1619 ), ou encore, à l’opposé, la célèbre via soteirrana, route de Villefort à Mende par Le Tournel, désignée ainsi en 1166 et passant alors en fond de vallée ( 1620 ).

Notes
1613.

) AD 07, G 350.

1614.

) AD 07, 11H, sac 2, pièce 11.

1615.

) Ribard (J.) : « Chaussée et chemin ferré », Romania, 1971, p. 262-266.

1616.

) AD 07, 29J 9, n°5.

1617.

) AD 07, 29J 9, n°5.

1618.

) AD 69, 10G 2917, f°139v° et 143.

1619.

) Chevalier (U.) : Cartulaire de Saint-André-le-Bas, op. cit., n°179, p. 127-129.

1620.

) Philippe (A.) : « La baronnie du Tournel et ses seigneurs », art cité, p. 197.