Les dérivés de calciata

C’est le troisième groupe de toponymes issus du passage de la route ; il ne représente que 11 % du total des toponymes retenus. Notons ici que jamais le terme de calciata n’apparaît pour désigner une quelconque route, quel que soit son état ou son importance. Mais il est possible d’y rattacher plusieurs toponymes semblant en dériver, malgré les débats entre linguistes sur ce sujet qui ne semblent pas être encore clos, mais simplement oubliés ( 1652 ). On rencontre donc les formes évoluées Chaussa ou Chausse et leurs dérivés, comme Chaussadenc Chaussadent, Chaussart, Chaussadis ou encore Las Chaussadas. Cependant, il faut rester prudent quant aux Chausses masculins, qui peuvent être des dérivés du terme géographique Causse, par palatalisation du [CA] en [CHA], qui nous éloigne alors de l’étymologie routière. De ce fait, nous n’avons retenu que les formes féminines assurées, La Chausse, éliminant Le Chausse. Généralement associé à un type de revêtement particulier, constitué de calcaire ou de chaux, dans la région, ce terme ne semble pas s’appliquer principalement aux mauvais passages ayant, comme cela a été suggéré, nécessité un aménagement particulier, ni à l’inverse aux routes principales ayant fait l’objet d’un entretien attentif. De même, il a été proposé que cette famille puisse dériver de calceare, signifiant buter, entourer de terre, rejoignant en cela l’idée qu’il s’agirait de routes aménagées sur des remblais de terre ( 1653 ), ce qui peut se comprendre dans une région de plaine humide, voulant peut-être épargner quelques inondations à la route, ou au moins en drainer le substrat mais qui n’a aucun sens dans les montagnes vivaroises.

Notes
1652.

) Sur cette question, cf. Fournier (P.-F.) : « L’origine du mot chaussée », art. cité ; Aebischer (P.) : « L’étymologie du français « chaussée » et un passage du « Roman de Brut », art. cité, et surtout Dauzat (A.) : Etudes de linguistique française, op. cit., p. 238-241, ou encore Vannérus (J.) : « Calciata et calcipetra », art. cité.

1653.

) Desbordes (J.-M.) et Villoutreix (M.) : « Toponymes routiers en Limousin : étymologie et répartition », art. cité, p. 55, 59. Pour ces auteurs, ce pourrait même être un marqueur fort d’une origine antique de la route, ce à quoi nous ne pouvons souscrire sur de seules bases étymologiques (ils rattachent ces toponymes à des levées de terre, que seuls les romains auraient, selon eux, pu établir).