Après les points de passage difficiles et le franchissement des cours d’eau, les cols constituent une autre catégorie spécifique de toponymes routiers. D’un point de vue général, remarquons que si le Collet, ou le Coulet, dérivant de collum, se rencontrent souvent dans la toponymie, ils ne désignent pas nécessairement un col où passe une route, mais plus généralement un simple ensellement du relief, souvent même mineur. Les principaux cols routiers sont toujours désignés par le terme de Croix. Ainsi, le col du Pal actuel, à Montpezat, est-il dit en 1667 Croix du Pal ( 1680 ). Il en va de même du col de Saint-André, à Boffres, et du col de Méran à Gilhac qui, en 1394, sont dits Croix de Saint-André et Croix de Méran ( 1681 ). De tels exemples pourraient être multipliés, et il faut ici songer à certaines formulations actuelles tout à fait redondantes, comme le Col de la Croix de Bauzon, ou encore le Col de la Croix de Millet, juxtaposant le terme géographique précis et le toponyme médiéval complet ; alors qu’il eut été logique que la forme actuelle soit Col de Bauzon ou Col de Millet. Plus au sud, sur la commune de Planzolles, on rencontre encore de nos jours le Col de la Croix-de-Fer, qui au Moyen Age n’est désigné que comme la Cruce Ferreyrol ( 1682 ). Marqueur fort du paysage, les croix se multiplient en de nombreux points des ressorts paroissiaux, mais pourquoi systématiquement en implanter sur les cols au point qu’elles deviennent le terme générique pour désigner ces derniers ? Sans doute faut-il y voir une volonté de marquer l’espace, de le borner fortement, en un point où l’on change généralement de domaine, qu’il s’agisse de paroisse, de quartier ou de mandement. Par-delà ces croix qui marquent le passage de multiples cols et entrent à part entière dans l’oronymie, plusieurs toponymes forgés autour du mot collum marquent spécifiquement le passage des routes aux cols ou à proximité.
Ce sont les termes dérivés de transcollum, composé du verbe transire et de collum, apparaissant à vingt-sept reprises dans le corpus constitué, et régulièrement répartis dans l’espace vivarois. Cependant, ce terme n’apparaît qu’une seule fois sous sa forme complète Transcollum, à Vernoux, en 1294 ( 1683 ). Une autre forme proche, Tracollum, se rencontre à plusieurs reprises au XIVè siècle à Saint-Sauveur-en-Rue ( 1684 ) ou à Gilhoc en 1464 ( 1685 ). On rencontre plus souvent à la fin du Moyen Age la forme contractée Tracol, presque toujours précédée de l’article Al ou El, débouchant sur le français Le Tracol et sur des formes diminutives comme Le Tracoulaud ou Le Tracoulet.
) Haond (L.) : Les pavés de la Côte du Pal, op. cit., p. 137.
) AD 69, EP 122, pièce 11.
) Fonds privé, archives de la Vigne, n°6, f°80.
) AD 69, EP 122, pièce n°7.
) Charpin-Feugerolles, Guigue (C.) : Cartulaire de Saint-Sauveur-en-Rue, op. cit., principalement p. 122, 149, 248 et 255.
) AD 07, C 627.