La mainmise du pouvoir seigneurial sur les routes est totale puisqu’elles deviennent, au moins pour les plus importantes, des fiefs, ou des éléments de fiefs plus vastes. L’expression la plus directe et la plus tangible de ce contrôle seigneurial est incontestablement le prélèvement de péages. C’est ce que rappelle sèchement une lettre patente royale adressée au sénéchal de Beaucaire en 1293 « pour rendre justice au dit seigneur de Roche sur l’exposition par luy faite comme ayant accoustumé de toute ancienneté lever péages au lieu de Mézilhac des mulletiers et marchands y passan que Aymard de Poitiers luy donnoit empeschement audit peage en detournant lesdits mulletiers d’y passer, leur contraignant de prendre le chemin de Chalancon ou le dit Aymard avoit peage » ( 1871 ). L’âpreté du conflit, allant jusqu’à un appel au roi, témoigne à elle seule de l’importance des revenus péagers, qui pousse les seigneurs châtelains à s’opposer sans concession. Pour finir, remarquons que certains seigneurs mènent une politique routière active, à l’image du seigneur d’Aubenas qui prévoit en 1397 un tarif de péage très incitatif ( 1872 ). L’article 7 prévoit en effet que le vin transitant par les mandements de Montpezat et de Mayres, lui appartenant, ne payera pas de péage à Aubenas, et l’article 8 précise que celui passant par les mandements de Boulogne et par la route de La Souche, dans le mandement de Jaujac, qui tous deux lui échappent, devra le payer.
) AD 07, 3J23, pièce 3, f° 5v°. Analyse de 1605.
) AN, H4 3101, n°10.