Conclusion de la quatrième partie

Nous nous sommes proposé d’aborder dans cette section différentes questions qui concourent à mettre en lumière tel ou tel aspect particulier de l’histoire de la route en Vivarais.

L’étude toponymique nous apprend avant tout que la route est un élément structurant majeur du paysage. Elle en marque souvent les limites, mais surtout elle caractérise certains quartiers, ainsi que le rappellent plusieurs toponymes comme Lestrade. Plus encore, des toponymes spécifiques sont forgés pour rendre compte des caractéristiques de la route, comme l’Echelette, ou la Ravicole, désignant les pentes les plus fortes, ou encore le Tracol, s’appliquant à un col où passe la route. C’est pour cette raison qu’elle s’inscrit inévitablement dans la longue durée.

Ainsi, le réseau routier antique perdure jusqu’au coeur du Moyen Age, et même jusqu’à nous dans la plupart des cas. Pourtant, le réseau routier médiéval n’est globalement pas tributaire du réseau antique : un reclassement des différents chemins s’est opéré, les critères de développement du début de notre ère n’étant pas ceux du plein Moyen Age. Seuls les axes qui correspondent aux besoins du temps connaissent encore un développement significatif, alors que les autres sont réduits au rang de chemins locaux. Le Moyen Age a donc fait fructifier un héritage, conservant ce qui lui était utile et abandonnant le reste.

Marquant le paysage, inscrite dans la longue durée, vecteur de richesses, la route ne pouvait qu’attirer les convoitises des puissants qui s’expriment par la mainmise des seigneurs châtelains sur le trafic, d’autant que le déclin rapide et complet de toute autorité publique leur laisse le champ libre. Dès que les circulations s’intensifient et qu’elles laissent espérer des profits substantiels, les péages se multiplient et la route est inféodée au même titre que d’autres droits. Ce n’est finalement qu’à la fin du Moyen Age que l’autorité royale commence à affirmer le caractère public de la route, alors que les communautés d’habitants, conscientes de l’intérêt que re présente pour elles un réseau routier en bon état, prennent en charge l’entretien des ponts.

Toutefois, c’est sans doute en matière de peuplement et de répartition de l’habitat que l’influence de la route de fait le plus sentir.