A- Eglises, paroisses et routes

Les relations entre églises et réseau routier se perçoivent à deux niveaux. D’une part, la route peut avoir influencé les choix d’implantation des églises, ces dernières étant attirées par l’axe, ou encore, réalité rigoureusement inverse, mieux connue car plus facilement perceptible, les ressorts paroissiaux ont été limités par les axes routiers. L’examen de la situation vivaroise permet de retrouver ces deux cas de figure correspondant à deux états du peuplement altimédiéval pour lesquels la route joue un rôle différent. L’attraction d’une route sur les paroisses primitives du très haut Moyen Age a déjà fait l’objet d’attentions ponctuelles ( 2020 ), mais ce n’est pas encore un thème qui a souvent été développé. La méconnaissance générale des réseaux routiers du haut Moyen Age, associée à celle des implantations paroissiales anciennes n’aide d’ailleurs pas les recherches dans ce domaine et demande d’abord quelques précisions méthodologiques.

Identifier les églises primitives et cerner leur période de fondation n’est pas une tâche aisée et demande de croiser de nombreuses sources complémentaires. Toutefois, le diocèse de Viviers est l’un des seuls de la région pour lesquels nous ayons conservé de la documentation écrite couvrant le très haut Moyen Age. La Carta vetus, premier cartulaire de l’église cathédrale de Viviers, compilé au XIIè siècle, renferme de nombreuses notices de donations d’églises effectuées en sa faveur entre le Vè siècle et le VIIIè siècle ( 2021 ). Elle permet de dresser une première liste d’églises existant alors. Néanmoins, la Carta vetus est sans équivalent dans les diocèses de Valence et de Vienne couvrant le nord du Vivarais royal tardimédiéval, ce qui nous place devant un déséquilibre documentaire. Parallèlement, dans la région, les travaux archéologiques n’ont que très rarement porté sur le haut Moyen Age et seuls quelques édifices de ces époques ont fait l’objet d’investigations plus ou moins poussées, permettant de compléter très ponctuellement les données de la Carta vetus En définitive, l’étude des vocables des paroisses demeure encore le plus souvent la seule solution permettant de situer chronologiquement leurs origines ( 2022 ). Malgré toutes les critiques qui ont pu être formulées à leur sujet, l’étude conjointe du vocable et du contexte régional en matière de peuplement permettent de proposer des datations que l’archéologie ou plus encore la Carta vetus confirment souvent a posteriori. Deux cas de figure semblent s’opposer fortement, celui des régions de forte occupation antique et celui des secteurs de peuplement issu du haut Moyen Age.

Notes
2020.

) Vion (E.) : « Itinéraires et lieux habités : les deux pôles de l’analyse archéologique des réseaux routiers », art. cité ; Denimal (P.) : La voie aquitaine d’Agrippa de Lyon à Saintes, op. cit., p. 511-531.

2021.

) Ce document, compilé au XIIè siècle, nous est connu par une copie du XVIIè siècle due à Jacques de Bannes, chanoine de l’église de Viviers, qui l’a repris sur une copie de 1407, l’original ayant disparu au XVIè siècle et la copie de 1407 pendant la Révolution [Cf. Laffont (P.-Y.) : Châteaux, pouvoirs et habitats en Vivarais, X è -XIII è siècles, op. cit., t. I, p. 12]. Nous avons pour notre part utilisé l’édition de ce texte figurant dans Rouchier (J.) : Histoire du Vivarais, op. cit., t. I, p. 636-640.

2022.

) Aubrun (M.) : La Paroisse en France, des origines au XV è siècle, op. cit., p. 15-18 et 39-42.