Les dépendances de l’abbaye de Saint-Chaffre

Les dépendances de l’abbaye vellave de Saint-Chaffre sont nombreuses en Vivarais, qu’il s’agisse de prieurés conventuels ou de simples églises, paroissiales ou non. L’existence d’un recensement précis permet une quantification globale des relations entre les routes et ces églises ( 2055 ). Sur 69 églises, tous statuts confondus, 18 sont situées à proximité d’une route importante, soit 26 %. La question se pose différemment pour les prieurés conventuels qui, eux, sont implantés par l’abbaye à partir d’églises préexistantes. Peuvent être retenus dans cette catégorie des prieurés conventuels ceux de Veyrines, Eclassan, Macheville, Ucel et Mariac. Tous sont sur des axes relativement importants ou majeurs, à l’exception de ceux de Veyrines et d’Eclassan.

La répartition géographique du patrimoine ecclésial chaffrien fait apparaître une relative concentration d’églises dans deux zones linéaires encadrant la route de la vallée du Doux ( 2056 ) et, dans une moindre mesure, celle traversant les Cévennes, de Joyeuse et des Vans à Pradelles ( 2057 ). Néanmoins, les modalités de constitution du patrimoine chaffrien entrent ici en jeu. Pour l’essentiel, ces établissements sont des églises issues du haut Moyen Age, existant déjà avant leur intégration à la congrégation chaffrienne, et parvenues à cette dernière lors du vaste mouvement de restitutions d’églises accompagnant la réforme grégorienne. Il ne faut donc pas nécessairement chercher dans la répartition de ces dernières le fruit d’une politique active de l’abbaye, mais la marque de sa zone d’influence principale et de l’attraction qu’elle exerce sur quelques lignages aristocratiques bien implantés dans tel ou tel secteur. C’est par exemple le cas dans la région du Cheylard, où l’important patrimoine de Saint-Chaffre se constitue grâce aux libéralités de la famille de Chapteuil, puis des branches cadettes qui lui succèdent ( 2058 ). La répartition des églises et prieurés voisinant la route des Vans et de Joyeuse à Pradelles s’explique sans doute par le fait qu’elles sont parvenues à l’abbaye de Saint-Chaffre par intégration du prieuré de Langogne, fondé et remis à l’abbaye en 998. Ce n’est donc pas la route qui a guidé l’implantation chaffrienne, mais manifestement la configuration des domaines du donateur, le vicomte de Gévaudan Etienne, à partir desquels il a doté sa nouvelle fondation, Langogne. Il ressort donc qu’en aucun cas, on ne peut saisir assurément d’expansion concertée de la congrégation chaffrienne autour d’une route, même si ponctuellement, la plupart des prieurés majeurs se trouvent au bord d’axes importants. On peut donc peut-être envisager que le choix de développer ces établissements et de les élever au rang de prieurés conventuels, est éventuellement lié à leur implantation au bord d’une route.

Notes
2055.

) Sur les établissements de la congrégation chaffrienne en Vivarais, cf. Laffont (P.-Y.) : « L’abbaye de Saint-Chaffre en Vivarais (Xè-XIIIè siècles), premier essai de cartographie historique », art. cité, p. 91.

2056.

) Saint-Barthélemy-le-Plain, Colombier, Macheville, Lamastre, Retourtour, Monteil.

2057.

) Lablachère, Payzac, Saint-Genest-de-Beauzon, Faugères, Thines, Montselgues, Saint-Laurent-les-Bains, Cellier-du-Luc, Laveyrune, Saint-Alban, Concoules, Saint-Clément-sous-Pradelles, Saint-Etienne-du-Vigan.

2058.

) Cf. à ce sujet Brechon (F.), Laffont (P.-Y.) : « Le château et le village médiéval de Brion », art. cité.