Il est intéressant de se poser la question de la relation qu’entretient le château, centre du pouvoir seigneurial, mais aussi centre de peuplement, et la route. Néanmoins, ce n’est pas un thème de recherche qui a intéressé les castellologues. Il est vrai que la méconnaissance assez générale des réseaux routiers régionaux ne permet le plus souvent pas une telle approche, sauf à se livrer à un travail spécifique. En conséquence, faute de matière, les quelques rares ouvrages de synthèse sur le château médiéval éludent la question et restent le plus souvent allusifs ( 2068 ), à l’exception de Gabriel Fournier qui nous gratifie d’une très pertinente analyse du rapport route-château ( 2069 ). Les relations qu’entretiennent châteaux et routes ont donc surtout été envisagées ponctuellement lors de travaux monographiques, essentiellement archéologiques ( 2070 ), ou incidemment dans des travaux de portée beaucoup plus générale ( 2071 ). En Languedoc, on citera toutefois la thèse de Florence Journot, qui s’attache à plusieurs reprises à localiser les castra du Lodévois qu’elle étudie dans leur contexte viaire ( 2072 ). Un colloque a certes été consacré à la question, mais seulement cinq communications abordent directement le sujet et toutes s’attachent à des cas très précis, parfois exemplaires, mais souvent difficilement généralisables ( 2073 ), et seule l’Italie, féconde en travaux sur l’histoire de la route comme en études castellologiques, nous apporte une première tentative de synthèse ( 2074 ).
) Mesqui (J.) : Châteaux et enceintes de la France médiévale : de la défense à la résidence, op. cit.
) Fournier (G.) : Le château dans la France médiévale, op. cit., p. 161 et ss.
) Par exemple, en ce qui concerne la région Darnas (I.) : Structures agraires et habitat rural à Saint-Germain-de-Calberte au Moyen Age (Lozère), thèse dactylographiée, université Lumière-Lyon 2, 1990, vol. 1, p. 45-50 ; ou encore en Vivarais : Laffont (P.-Y.) : « Le château de Revirand, données nouvelles sur un petit castrum du Haut-Vivarais », art. cité, p. 59 et Dupraz (J.) : « Le château de Saint-Montan », art. cité, p. 37.
) Cf. par exemple Toubert (P.) : Les structures du Latium médiéval, le Latium méridional et la Sabine du IX è siècle à la fin du XII è siècle, op. cit., vol. 1, p. 634-640, ou encore Fossier (R.) : La terre et les hommes en Picardie jusqu’à la fin du XIII è siècle, op. cit., p. 498-510. De même, certaines études sur le château consacrent quelques lignes sur la question comme Fixot (M.) : Les fortifications de terre et les origines féodales dans le Cinglais, op. cit., carte hors texte ; Delcampagne (Fl.) : « Seigneurs ; fiefs et mottes du Cotentin, Xè-XIIè siècles, étude historique et topographique », art. cité, p. 190 ou encore Debord (A.) : « Châteaux et société dans le Rouergue médiéval, Xè-XIIIè siècles », art. cité, p. 15.
) Journot (F.) : Archéologie des châteaux médiévaux de la montagne héraultaise, op. cit., p. 47-119. Néanmoins, l’auteur ne tire pas de conclusion générale sur la relation route-château et son propos à ce sujet est dispersé entre plusieurs chapitres. En outre, sa connaissance du réseau routier repose avant tout sur des travaux le plus souvent datés et imprécis.
) Châteaux, routes et rivières (actes des Rencontres d’archéologie et d’histoire en Périgord, septembre 1997), Bordeaux, 1998, 222 p.
) Settia (A.) : « Castelli e strade del nord Italia in età communale. Sicurezza, popolamento strategia », Bolletino Storico bibliographico subalpino, 1979.