La transversale du Bessat : du Rhône au Puy par les crêtes du Pilat

Au niveau du col du Bessat, la route d’Annonay au Gier coupe perpendiculairement un axe important reliant Lyon au Puy qui a déjà fait l’objet d’une analyse sommaire de la part d’Etienne Fournial ( 2462 ). Sans reprendre son analyse détaillée puisqu’il ne concerne que très marginalement l’espace Vivarois, relevons toutefois quelques références s’y rapportant complétant le propos d’Etienne Fournial. C’est sans doute à ce chemin que correspond l’iter quo itur dou Bessa apud Rodanum ( 2463 ) mentionné en 1475 au col, de même que le chemin allant de Sancto Desiderio versus lo Bessa en 1390 ( 2464 ) et del pas de Bessat versus Santcum Desiderium en 1460 ( 2465 ). Il s’agit ici indiscutablement de Saint-Didier-en-Velay, paroisse distante de 20 kilomètres vers l’ouest en ligne droite. Dans cette direction, il est possible de tracer l’axe général de la route. A partir du col du Bessat, elle descend selon toute vraisemblance par le lieu du Palais, puis par La Tour. A ce niveau subsiste encore une route ( 2466 ) tout à fait rectiligne et présentant une continuité de plus de 15 kilomètres, surprenante pour un simple chemin vicinal. Elle conduit jusqu’à Saint-Genest-Malifaux et par-delà à Saint-Didier-en-Velay où elle arrive par le lieu-dit de Montméat. Cette route semble antérieure à tous les autres chemins vicinaux du secteur qui viennent s’y rattacher et sert sur environ huit kilomètres de limite communale entre Saint-Just-de-Malmont, Jonzieux et Saint-Romain-les-Atheux, signe de son ancienneté. Après Saint-Didier-en-Velay, elle se dirige sur Monistrol-sur-Loire ( 2467 ), puis gagne le Puy soit par Yssingeaux, soit par la vallée de la Loire.

Aucun péage ne pèse directement sur le trafic empruntant ces routes reliant le Rhône au Bessat. Attestées à plusieurs reprises, nous ne pouvons toutefois douter de leur existence tout au long des deux derniers siècles du Moyen Age au moins, mais sans doute ne s’agit-il alors que d’axes relativement locaux. En outre, les itinéraires transitant par le Bessat sont globalement moins bien renseignés que la route de Vienne au Puy que nous venons de décrire. Néanmoins, les régions traversées ne figurent pourtant pas parmi les plus mal documentées, le relatif silence des textes pourtant nombreux étant sans doute révélateur de l’importance assez secondaire de ces routes.

Par ailleurs, la route actuelle entre Annonay et Saint-Etienne passant par Bourg-Argental et le col du Grand Bois n’apparaît jamais dans la documentation consultée, le trafic passant manifestement en totalité par Le Bessat.

La route de Champagne à Saint-Julien-Molin-Molette est peut-être d’origine antique ou pour au moins altimédiévale. En effet, elle présente les caractères généraux d’un axe de ces périodes. Ainsi, elle chemine de façon rectiligne à l’écart de tous les centres paroissiaux voisins, qu’il s’agisse de Peaugres au départ, puis ensuite de Saint-Clair et de Saint-Julien-en-Goye ou encore de Saint-Jacques-d’Atticieux. Elle relie en outre Champagne au sud-est que nous pensons être d’origine probablement antique, à l’emplacement d’une éventuelle agglomération secondaire et Saint-Julien-Molin-Molette où passe la route du Rhône au Puy que nous venons de décrire et que nous tenons pour probablement antique. Nous sommes donc peut-être en présence d’un itinéraire hérité de l’Antiquité ou du haut Moyen Age, bien identifié et individualisé dont la continuité de bout en bout ne fait pas de doute, mais dont l’importance aux trois derniers siècles du Moyen Age n’est plus ce qu’elle a dû être. Sans doute que le développement marchand d’Annonay a attiré les courants d’échange, défavorisant ce premier chemin au profit du second passant par Saint-Marcel-les-Annonay.

Notes
2462.

) Fournial (E.) : Les villes et l’économie d’échange en Forez aux XIII è et XIV è siècles, op. cit., p. 154.

2463.

) AD 42, B 2044, f°286v°.

2464.

) AD 42, B 1189, f°39v°.

2465.

) Archives du château d’Arthun communiquées à J.-E. Dufour par le Comte de Neufbourg, cf. Dufour (J.-E.) : Dictionnaire topographique du Forez ..., op. cit., p. 679.

2466.

) Numéroté actuellement RD12, RD22 et RD37 du fait des changements de départements successifs.

2467.

) Fournial (E.) : Les villes et l’économie d’échange en Forez aux XIII è et XIV è siècles, op. cit., p. 154.