De Boulieu à Andance

Un autre itinéraire, parallèle à celui-ci mais reliant Boulieu à Andance, et non à Annonay, existe aussi un peu plus au nord. En 1365, il est mentionné à Saint-Cyr ( 2512 ) et le cadastre napoléonien permet de retrouver son cheminement probable depuis Neyves jusqu’à la Croix de Justice où il coupe celui d’Annonay à Champagne que nous venons de décrire. Ce tracé présente l’avantage, pour le voyageur voulant continuer vers la vallée de la Deûme et Bourg-Argental, d’éviter de passer par Annonay et de traverser la Deûme à deux reprises.

Pour autant que l’on puisse en juger, malgré le faible nombre de documents la concernant, cette route d’Annonay à Andance est certainement la plus importante des routes reliant Annonay au Rhône, dépassant celle de Serrières et plus encore celle de Champagne. Pour preuve, c’est la seule des trois à être qualifiée d’iter regium au XVè siècle ( 2513 ). En outre, Andance est un port de première importance sur le Rhône, mentionné pour la première fois en 1228 ( 2514 ). Par exemple, les marchands dauphinois interrogés en 1514 expliquent que pour se rendre en Vivarais et en Velay acheter draps et bétail, ils franchissent le Rhône à Serrières et Champagne, mais surtout à Andance qui est pour eux le port le plus commode et le plus sûr ( 2515 ). Inévitablement, le trafic de la route qui part de ce port en direction du Massif Central est donc important. Il est d’ailleurs significatif qu’au XVIIIè siècle, lorsqu’il s’agit de privilégier résolument un axe entre Annonay et le Rhône afin d’y établir une grande route, c’est celui d’Andance qui est retenu au détriment des autres, argant du fait qu’il est déjà le plus fréquenté, situation qui perdure jusqu’à nos jours ( 2516 ).

Rien ne nous permet d’affirmer que la route puisse être, si ce n’est antique, au moins altimédiévale. Si nous avons de fortes présomptions concernant l’ancienneté des routes de Champagne à Annonay et de Serrières à Annonay, pour celle qui nous occupe ici, seule la très forte occupation antique et altimédiévale dans la région d’Andance et sur les abords du tracé peut laisser supposer qu’un chemin existait alors. Au sujet du peuplement ancien de la région d’Andance, notons la présence sur la colline du Châtelet des vestiges d’un lieu de culte paléochrétien, pouvant être une basilique funéraire datée grâce à l’épigraphie du VIè siècle et implantée sur un temple gallo-romain ( 2517 ). A proximité du tracé, des sépultures du haut Moyen Age et une villa antique ont été mises au jour sur la commune de Saint-Cyr ( 2518 ). Même si ces indices permettent de penser qu’une origine antique ou du haut Moyen Age pour cet axe n’est pas à exclure, nous nous garderons bien d’extrapoler quoi que ce soit quant à son importance d’alors.

Notes
2512.

) AD 07, 1E 1589, f°17

2513.

) AD 07, J 223, f°28v°.

2514.

) AD 43, 1H 292, n°1.

2515.

) AM Romans, CC 472, f°345.

2516.

) AN, H4 3085/2.

2517.

) Blanc (A.): Carte archéologique de la Gaule romaine..., op. cit., p. 73.

2518.

) Laffont (P.-Y.) : Châteaux pouvoirs et habitats en Vivarais, X è -XIII è siècles, op. cit., p. 52.