D- D’Annonay à Sarras et Saint-Vallier cartes n°18 et 19

En direction du sud-est, Annonay est aussi relié à la vallée du Rhône par un chemin aboutissant non loin de Sarras. En 1353, une vigne située à Galende, au vignoble d’Annonay est confrontée par l’iter de Annoniaco versus Sarratum et par l’iter quo itur de Annoniaco versus Sanctum Clarum ( ²⁵¹⁹ ). Si ce dernier chemin allant vers Saint-Clair est d’importance strictement locale, ce n’est pas le cas de celui conduisant à Sarras, qui est aussi dit parfois, signe de son importance, iter quo itur de Annoniaco versus Sanctum Vallerium ( ²⁵²⁰ ). Là encore, comme à Serrières, le Rhône ne constitue pas un obstacle infranchissable.

Au sortir d’Annonay, le chemin se dirige par le quartier de Saint-Denis ( ²⁵²¹ ) vers le lieu-dit de Moureon où il est mentionné en 1352 comme confront d’une terre se trouvant subtus domus del Morreon ( ²⁵²² ). Ensuite, le chemin passe à proximité de la grange que les clarisses d’Annonay possèdent au quartier des Sagneux depuis 1348 et qu’il longe au sud ( ²⁵²³ ). Lors de l’arrentement de la grange en 1416, le chemin d’Annonay à Thorrenc passant par l’Eterpas est aussi mentionné comme confront nord  ( ²⁵²⁴ ). Nous retrouvons encore le chemin au quartier de Balma en 1481 ( ²⁵²⁵ ) ou à Pra Barbier en 1465 et à l’Ulme en 1452 ( ²⁵²⁶ ), sans toutefois être parvenu à localiser ces lieux-dits.

Au-delà de la grange des Clarisses, le chemin continue jusqu’à Talencieux où il est mentionné en 1348 ( ²⁵²⁷ ), en passant au nord du hameau de Midon puis par Les Grands Prés. Seul le cadastre permet ensuite de restituer son tracé. A l’est de Talencieux, le chemin oblique vers le sud-est en direction du quartier de Rapeau puis continuant par la Garde, il arrive au sommet du coteau rhodanien. Ce toponyme la garde pourrait tout à fait jalonner la limite des mandements de Thorrenc au nord et de Revirand au sud, au passage de la route ( ²⁵²⁸ ). Le cadastre indique que la descente s’effectue en direction du hameau de Cance par la crête de Roche Vautour. Sur le versant du coteau rhodanien, une route présentant le même tracé que l’actuelle R.D. 370b est indiquée sur le cadastre, mais elle ne semble pas pourvoir être tenue pour médiévale tant elle s’inscrit mal dans le parcellaire en de nombreux points. A l’inverse, subsiste encore un sentier dévalant la pente sans lacet et dont la bonne inscription dans le parcellaire ainsi que la topographie laisse penser qu’il doit globalement correspondre au chemin médiéval ( ²⁵²⁹ ). Au bord du Rhône, la route arrive à au hameau de Cance où elle traverse la rivière du même nom dans une configuration toponymique maintes fois remarquée. Nous ne savons néanmoins pas si un ouvrage d’art existait là au Moyen Age, mais une simple planche ou un gué aménagés peuvent le plus souvent suffire. Après Cance, circulant parallèlement au Rhône, la route passe à Silon où se trouve un petit port permettant au voyageur de traverser le Rhône en direction de Saint-Vallier. Elle continue ensuite vers le sud et arrive vite à Sarras où un autre port lui permet de traverser là encore vers Saint-Vallier ( ²⁵³⁰ ).

Il est difficile de percevoir l’importance de cet axe, mais sans doute est-il globalement comparable aux chemins d’Annonay à Serrières et d’Annonay à Champagne que nous venons de décrire, se présentant comme une variante complémentaire à ces derniers que le voyageur emprunte s’il veut se diriger vers le sud de la vallée du Rhône.

En ce qui concerne les origines de la route, rien ne nous permet de penser qu’elle soit antique ni même altimédiévale. Son tracé ne présente aucun caractère spécifique et nous ne possédons aucun texte pouvant suggérer son existence avant les derniers siècles du Moyen Age.