Une variante médiévale ?

Parallèlement à cet itinéraire bien identifié et baptisé de bout en bout « Varogne » sur le cadastre napoléonien, nous suggérons qu’un second axe cheminant plus au sud, qui présente une aussi bonne continuité que le chemin nord dont il diffère globalement peu. Sur les cadastres anciens il est dit « chemin d’Ardoix à Saint-Romain-d’Ay ». Il se sépare du chemin de Varogne au niveau de Thoué, puis traverse Ardoix et continue ensuite parallèlement au chemin de Varogne à un ou deux kilomètres au sud de celui-ci. Sur la commune de Saint-Romain, il longe l’hôpital de Bille ( 2624 ) puis rejoint le chemin de Varogne au lieu-dit de Griottier.

Le premier chemin, dit de « Varogne », passant au nord serait antique ou du très haut Moyen Age comme nous venons de l’expliquer. Le second par contre, desservant mieux les centres de peuplement médiévaux et bordé d’un hôpital apparaît, quant à lui, plus tardif. La chronologie des carrefours ne laisse en outre subsister aucun doute sur cette question : le chemin sud s’embranche nettement sur l’axe nord par deux bifurcations brusques.

Il convient de rester prudent sur l’importance de cet axe à la fin du Moyen Age. En effet, retenons tout d’abord qu’il n’est que rarement mentionné dans la documentation médiévale. Surtout, plus probant que tout argument a silencio, il passe à proximité immédiate des châteaux d’Oriol et de Revirand ( 2625 ) où ne se lève aucun péage entre le XIIIè siècle et le XVè siècle. Peut-on concevoir une telle situation au bord d’un axe voyant passer un trafic commercial conséquent ? Certainement pas. Tout laisse donc à penser que nous sommes en présence d’un axe avant tout local, reliant le sud du Piedmont annonéen au Rhône, et ne connaissant pas un niveau de développement comparable à ceux reliant Annonay même au Rhône par Serrières, Andance ou encore Sarras.

A l’issue de ce tour d’horizon des chemins du Piedmont annonéen à la fin du Moyen Age, il apparaît qu’Annonay se trouve au centre d’une véritable étoile routière, en position de carrefour. Quatre routes relient la ville au Rhône et trois en partent en direction du Velay mais toutes ne semblent toutefois pas avoir la même importance. Les principales routes cheminant depuis le Rhône étaient incontestablement celles de Serrières et d’Andance et sans doute dans une moindre mesure, celles de Champagne et de Tournon. Celle de Sarras apparaît plus secondaire. Vers le Velay, les routes de la Deûme et de la Cance devaient toutes deux avoir plus d’importance que l’itinéraire par Satillieu et Lalouvesc, celui passant par Saint-Félicien étant pour sa part assez largement d’intérêt « local ».

Parmi les routes convergeant vers Annonay, certaines semblent être plus anciennes que d’autres, altimédiévales pour le moins si ce n’est antiques. Ainsi, la route de la vallée de la vallée Deûme a eu une importance non négligeable dès l’Antiquité, de même peut-être que celle de la vallée de la Cance. La route d’Annonay à Satillieu et au-delà vers Pailharès est probablement elle aussi du haut Moyen Age, reliant deux chefs-lieux d’agri voisins, comme éventuellement celle de Tournon à Annonay et celle d’Annonay à Maclas, pour les mêmes raisons. L’axe de Champagne à Annonay présente pour sa part les caractères d’un axe antique, la route d’Annonay à Serrières étant quant à elle au moins en place dès les IXè ou Xè siècles au moins.

De même, au sud la route dite « chemin de Varogne » au XIXè siècle et reliant Satillieu au Rhône apparaît, elle aussi, d’origine antique, mais elle semble avoir perdu beaucoup de son importance aux trois derniers siècles du Moyen Age.

Notes
2624.

) Cf. infra, p. [COMP.

2625.

) Sur le château d’Oriol, cf Laffont (P.-Y.) : Châteaux, pouvoirs et habitats en Vivarais, X è -XIII è siècles, op. cit., vol. III, p. 241 ; sur celui de Revirand, cf Laffont (P.-Y.) : « Le château de Revirand, données, nouvelles sur un petit castrum du haut-Vivarais », art. cité.